Fièvre catarrhale en Corse : "On peut s'attendre à ce qu'il y ait encore une évolution de la maladie"

Si aucun chiffre officiel n'est communiqué, la fièvre catarrhale sévit en Corse depuis le début de l'été. Une situation qui inquiète de plus en plus les éleveurs. Marion Duval Straser, cheffe du service alimentation au sein de la direction Régionale de l'Agriculture et de la Forêt (Draaf), fait le point sur la situation et répond aux questions de France 3 Corse ViaStella.

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En Corse, l'épidémie de fièvre catarrhale s'est déclarée début juillet. Depuis, elle ne cesse de faire des dégâts. Les éleveurs craignent de graves conséquences économiques en pleine période de mise bas. 

Marion Duval Straser, cheffe du service alimentation au sein de la direction Régionale de l'Agriculture et de la Forêt (Draaf), répond aux questions de France 3 Corse ViaStella. 

Peut-on dresser le bilan, aujourd’hui, de la fièvre catarrhale dans les différentes exploitations de Corse ? 

Sur la situation sanitaire de l’île au 10 septembre 2024, vis-à-vis de la fièvre catarrhale ovine pour les sérotypes 4 et 8, qui sont les deux sérotypes qui circulent actuellement sur l’île, on a en place un dispositif de surveillance. Dès qu’un élevage a des signes cliniques, des prélèvements sont réalisés sur le cheptel, ils sont ensuite envoyés au laboratoire national de référence de la fièvre catarrhale ovine et qui nous permettent de savoir qu’elle est la situation sanitaire.  

Aujourd’hui, à date, suite aux retours de ce laboratoire, on a des foyers en Corse-du-Sud et en Haute-Corse qui ont exprimé des signes cliniques. Ils ont eu des symptômes de la fièvre catarrhale ovine. En Corse-du-Sud on a 30 foyers ovins et un foyer bovin. En Haute-Corse, on a 55 foyers ovins, deux foyers bovins et trois foyers caprins. 

Il y a des analyses qui sont encore en cours, c’est une situation qui est évolutive, et on a des températures qui sont encore relativement élevées. Donc on peut supposer que l’on a toujours une circulation du vecteur de la maladie. Cette maladie est transportée par une petite mouche et donc, sans avoir de boule de cristal, on peut s’attendre à ce qu’il y ait encore une évolution de la maladie.  

Les sérotypes 4 et 8 sont les plus inquiétants actuellement ?  

En France il y a trois sérotypes en circulation. Les 4 et 8 sont présents en Corse. Le 4 est présent depuis plusieurs années et il y a eu une résurgence du 8 l’année dernière. Mais il avait déjà été présent sur l’île en 2018.  

Le sérotype 3, qui descend par la Belgique et le nord de la France et qui s’étend vers le sud et vers l’ouest du pays, est particulièrement virulent. Il génère des signes cliniques compliqués chez les bovins et les ovins et la solution vaccinale ne permet que de diminuer les symptômes mais ne permet pas d’empêcher leur apparition et la diffusion de la maladie.  

Les principales menaces aujourd’hui, il n’y en donc pas qu’une, mais deux ...  

Sur le territoire il y a une menace parce que les sérotypes 4 et 8 circulent. Et on a aussi un front épidémique qui descend du nord de la France, on ne sait pas jusqu’où il pourra aller tant qu’il a une activité vectorielle. C’est le sérotype 3. C’est forcément un sujet de préoccupation parce qu’on ne sait pas jusqu’où il va descendre dans le sud de la France.  

Est-ce que l’on peut enrayer ce qu’il se passe en Corse actuellement ?  

Pour les deux sérotypes présents aujourd’hui en Corse, on a une solution, c’est la solution vaccinale. Il y a des vaccins qui existent et qui permettent, contrairement au vaccin qui existe pour le sérotype 3, de diminuer complètement voire effacer les symptômes de la maladie et d’enrayer la propagation de la maladie.  

Il y a eu des campagnes de vaccination qui ont été menées par les professionnels sur les dernières années avec une incitation à vacciner les cheptels, parce que c’est une vraie solution qui fonctionne.  

Quelle est l’inquiétude des éleveurs ? Certaines parlent de pertes importantes et de recul sur le cheptel et que cela peut vraiment peser sur le devenir de la filière ... 

Il y a une inquiétude qui peut évidemment s’entendre pour les éleveurs ovins en Corse. On un sérotype 8 qui provoque des signes cliniques et la question des suites que peuvent avoir un cheptel affecté. Que se passe-t-il ensuite, notamment sur le renouvellement du cheptel. Des études sont actuellement conduites par la profession agricole pour essayer de quantifier et comprendre les impacts de cette maladie sur le cheptel.  

Quel est le rôle de l’État dans la gestion de la maladie en Corse ?  

En Corse le rôle de l’État sur la gestion de la maladie est d’assurer une surveillance. La Corse est la seule région française qui a un dispositif de surveillance sur toute l’année des sérotypes 4 et 8. Il y a 120 prélèvements réalisés, 60 dans les deux départements, tout au long de l’année pour vérifier l’aspect clinique de la maladie. Cela s’appelle une surveillance programmée.  

Et le rôle de l’État c’est aussi sur une surveillance évènementielle. Ainsi, lorsqu’il y a des signes cliniques, la prise en charge de la visite du vétérinaire, du coût de prélèvement des animaux et le coût de l’analyse de ces prélèvements.  

Si le sérotype 3 est détecté en Corse, que fait l’État ?  

La première disposition de l’État est de mettre en place une zone régulée dans un rayon de 150 km autour des foyers et qui permet de limiter les mouvements. L’idée c’est que les animaux potentiellement infectés ne puissent pas sortir de cette zone régulée pour éviter que la maladie ne se propage plus loin. 

Depuis débout août, l’État a mis en place une zone vaccinale. Au sein de cette zone, le vaccin contre le sérotype 3 est commandé par l’État et stocké par l’État et mis à disposition gratuite des éleveurs via leur vétérinaire sanitaire.  

Le reportage de Marie-France Giuliani et Stéphane Poli : 

durée de la vidéo : 00h02mn37s
François Vincenti, éleveur Ovin ; Dominique Livrelli, président de l'Odarc ; Jean-François Brunelli, éleveur ovin à Porticcio ; Marion Duval Straser, cheffe service alimentation Draaf. ©France Télévisions

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