Bastia : grève des sages-femmes à Maymard, 5 mamans transférées à l'hôpital avec leur bébé

Les sages-femmes de la maternité Maymard font grève depuis vendredi soir, et ce, jusqu'au lundi 25 octobre, 20 heures. Les patientes venant d'accoucher ont été transférées avec leur bébé à l'hôpital de Bastia.

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Sage femme : "Métier formidable, statut fort minable". La maternité Maymard à Bastia est l'une des 150 concernées par le mouvement national de grève de la profession. Les sages-femmes de l'établissement corse ont annoncé se mettre en grève du vendredi 22 octobre, 20 heures, au lundi 25 octobre, même heure. 

5 femmes transférées avec leur bébé 

L'Agence régionale de Santé de Corse (ARS) a annoncé dans un communiqué pouvoir "assurer la continuité de la prise en charge des mamans et des bébés ainsi que l'accueil en urgence". Ceci, en transférant cinq femmes qui venaient d'accoucher, avec leur bébé, de la clinique Maymard vers le centre hospitalier de Bastia. Celles dont le terme pourrait arriver ce week-end ont été prévenues par SMS. 

“Ça a demandé un peu de gymnastique de notre côté, accorde le centre hospitalier, mais il y a eu suffisamment de place pour tout le monde". La maternité privée s'est chargée de transférer les patientes en ambulance. 

Aucune réquisition : le choix de qui ? 

Les sages-femmes de Bastia n'en sont pas à leur coup d'essai. Mais contrairement au mouvement de grève du 7 octobre, où elles étaient restées en poste pour assurer la continuité des soins et les urgences obstétricales, elles auraient indiqué cette fois-ci vouloir cesser le travail, selon le directeur de la maternité de Maymard, Franck Vanlangendonck. D'un commun accord, l'ARS, la clinique et l'hôpital auraient ainsi décidé de procéder à un transfert. "Dans la mesure où il n’y avait pas d’obstacle, c’est cette solution qui a été choisie".

Isabelle Filippi, sage-femme gréviste à la maternité de Maymard n'est pas de cet avis. Si elle reconnaît que le préavis de grève incluait "un arrêt total du travail" afin d'être "comptabilisées dans les chiffres de grévistes et pour que ça ait plus d'impact", elle affirme avoir pensé être obligée d'assurer un service minimum, "même dans le privé". Mais ça n'a pas été le cas, ni elle, ni aucune de ses collégues n'a été réquisitionnée.

Une action risquée 

"On a l’impression qu’ils se servent de cette grève pour tester un fonctionnement, une organisation sans nous, simplement avec l'hôpital, sans prendre en considération les patientes".  Et si le but était de suivre un mouvement et des problématiques nationales, cette action pourrait déservir une cause locale, selon Isabelle Filippi : "celle du maintien en vie de notre maternité". 

En tout cas, un point d'accord existe entre les deux parties : la souffrance des sages-femmes. Le directeur dit comprendre leurs revendications : "elles ont un rôle de plus en plus important et il n’y a pas forcément de reconnaissance." 

De la "colère rouge" à la "colère noire"

Elle n'en sont pas à leur première mobilisation et les dernières revalorisations salariales annoncées par le gouvernement - une prime de 100 euros net et une hausse de salaire d'environ 100 euros brut par mois - ne les ont pas convaincues... au contraire, à entendre Marie-Geneviève Pontus, sage-femme coordinatrice à l’hôpital de Bastia : "avant ça, c’était la colère rouge, nous sommes passées en colère noire." 

5 ans d'études, travail de nuit, 1800 euros brut par mois 

Elle dépeint un quotidien pénible : travail le week-end, les jours fériés et de nuit pour une compensation "dérisoire" : "à peine 9 euros de prime de nuit, qui accepterait ça ?". Un salaire de 1800 euros brut en début de carrière estimé trop bas pour des sages-femmes qui ont fait cinq années d'études, dont une en première année de médecine. 

De plus en plus de responsabilités 

Dans l'imaginaire collectif, les sages-femmes accompagnent les accouchements, mais leurs réelles prérogatives ont beaucoup évolué ces dernières années : "nous pouvons faire le suivi gynécologique des femmes, on pose des stérilets, des implants, on gère les IVG médicamenteuses. Il existe même une expérience pour que nous fassions nous-mêmes les IVG chirurgicales.

Je suis bientôt à la retraite mais je continuerai de me battre pour les prochaines sages-femmes.

Marie-Geneviève Pontus, sage-femme à l'hôpital de Bastia

Si Marie-Geneviève est ses collègues ne réclament pas le même statut ni le même salaire que les médecins, elles aspirent à une meilleure reconnaissance sociale et financière. 

"Je me bats depuis 40 ans pour cela. Je suis bientôt à la retraite mais je continuerai de le faire pour les prochaines. Je suis fière d'être sage-femme."  

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