Une banderole accrochée aux grilles du tribunal de Bastia mettant en cause nominativement un juge d’instruction du palais de justice de Bastia a notamment suscité l'indignation de la première présidente de la cour d’appel.
La banderole où figurait le nom d’un juge d’instruction a été accrochée aux grilles du palais de justice de Bastia mardi 6 juin.
Ce jour-là, devant le tribunal, un rassemblement de soutien à deux jeunes militants nationalistes mis en examen était organisé à l'appel de l'associu Aiutu Paisanu.
La banderole, qui visait nominativement le juge en charge du dossier, n’a pas manqué de faire réagir Hélène Davo.
La première présidente de la cour d’appel de Bastia a indiqué à l’AFP "déplorer avec la plus grande véhémence" la mise en cause nominative d'un magistrat ainsi qu'un "appel à son départ de Corse".
"Aucun justiciable, aussi mécontent soit-il et qui a droit à sa défense, ne saurait mettre en cause l'Etat de droit et créer ainsi des conditions ne permettant pas à la justice de fonctionner avec sérénité", a dénoncé Hélène Davo.
Ce jeudi, Arnaud Viornery, procureur de la République de Bastia, a également réagi à notre micro :
"Ce sont des comportements qui ne sont pas acceptables. Je rappelle que la justice ne cédera ni aux menaces ni aux provocations. Donc, ni les mises en cause individuelles de magistrats, ni les tentatives d'intimidation sur l'institution judiciaire ne fonctionneront. La justice continuera à être rendue en Haute-Corse et les lois de la République continueront d'être appliquées."
Comparution immédiate
Mardi soir, le juge d'instruction avait mis en examen les deux militants nationalistes pour détention et transport d'engins incendiaires dans le cadre d’un dossier lié aux manifestations survenues après l’agression mortelle d’Yvan Colonna, le 2 mars 2022, à la centrale d’Arles. Placés sous contrôle judiciaire, les deux hommes ont été laissés libres.
Lors de ce rassemblement de soutien devant le palais de justice de Bastia, deux autres jeunes militants membres de Corsica Libera et Ghjuventù Libera ont également été interpellés. Poursuivis pour "violences sur personne dépositaire de l’autorité publique", ils devaient être jugés en comparution immédiate ce jeudi après-midi.
Après avoir sollicité un délai afin de préparer leur défense, l’audience a été renvoyée au 26 juin prochain.
"La décision de comparution immédiate qui a été prise aujourd'hui avait clairement pour objectif de mettre fin à une spirale qui nous amenait à ces comportements particulièrement inadmissibles", précise Arnaud Viornery.
Également placés sous contrôle judiciaire, les deux hommes mis en cause ont été laissés libres. Ils ont l’obligation de se rendre une fois par semaine au commissariat pour un pointage, et ce jusqu’à l'audience qui aura donc lieu à la fin du mois.
Avec AFP