Le STC appelle l’ensemble des enseignants à un débrayage, vendredi 19 janvier. Le syndicat dénonce le placement en garde à vue d’un professeur du collège Giraud de Bastia, mardi, dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Bastia, en 2022, pour des violences supposées sur un élève.
« Inadmissible ». C’est par ce mot que le STC décrit le placement en garde à vue d’un professeur du collège Giraud de Bastia, mardi 16 janvier, dans un communiqué publié ce jeudi. Dans ce même document, le syndicat appelle à un débrayage de l’ensemble du corps enseignant de l’Académie de Corse vendredi 19 janvier dans la matinée.
Cette mesure judiciaire, « entre dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte en 2022 », indique le procureur de Bastia, Jean-Philippe Navarre. À cette date, une mère d’élève avait porté plainte contre le professeur pour avoir, selon elle, donné un coup de pied à son enfant.
Contacté, l’enseignant se dit « choqué ». Il explique avoir été contacté mardi 16 janvier par un policier lui demandant de se rendre au commissariat. « Je pensais qu’il avait des précisions dans l’affaire des menaces de mort dont j’avais été victime en décembre. Mais quand je suis arrivé, on m’a immédiatement notifié mon placement en garde à vue pour cette plainte », explique-t-il.
Le 5 décembre dernier, ce professeur d’histoire-géographie a été menacé de mort par un couple de parents d’élève lors d'une réunion entre parents et professeurs d'une classe de quatrième du collège Giraud. Des faits dont la genèse serait liée au coup de pied supposé asséné par l’enseignant à l’adolescent. À la suite de cette altercation, le principal de l'établissement a rapidement déposé plainte au nom de l'institution. Le rectorat d'académie a quant à lui apporté une protection fonctionnelle au professeur.
« Je ne lui ai jamais donné de coup de pied »
L’enseignant détaille les « raisons du mécontentement » de cette famille : « En janvier 2022, j’ai amené cet élève dans le bureau du CPE, car il allumait des pétards au milieu des enfants, ce qui est très dangereux. Le lendemain, les parents ont déposé plainte en disant que j’avais donné un coup de pied aux fesses à l’élève durant le trajet vers le bureau du CPE. Je nie ces faits, je n’ai jamais donné de coup de pied. »
Selon lui, il n’a « jamais été avisé ou interrogé » sur ces faits depuis le dépôt de plainte. « J’étais dans l’ignorance totale, je ne savais pas si elle avait été classée sans suite ou quoi que ce soit. Je ne comprends pas pourquoi elle ressurgit deux ans plus tard, peut-être pour purger l’intégralité de cette affaire. On m’a dit que c’était pour être à charge et à décharge. Je m’interroge vraiment sur le motif de cette garde à vue », précise-t-il.
Menotté pour se rendre chez un médecin
Mardi, dans l’attente de l’arrivée d’un avocat commis d’office, le professeur est placé dans « une geôle de deux ou trois mètres carrés ». « Je n’avais plus rien, plus de portable plus de lacets », raconte-t-il. « Choqué psychologiquement », il demande à être ausculté par un médecin. La demande lui est accordée, mais il est menotté « dans le dos » pour se rendre au rendez-vous. Le diagnostic du professionnel de santé tombe quelques minutes plus tard, son état de santé est incompatible avec le régime de la garde à vue.
Il est ramené « menotté » au commissariat, « remis en cellule ». Avant la levée de la mesure, un avis lui est remis pour une audition libre fixée au lendemain matin. « J’y suis allé, on m’a posé des questions banales sur ce coup de pied. J’ai nié les faits et ça s’est terminé », conclut le professeur.
Le procureur de la République de Bastia indique qu’à l’issue de cette audition libre, il a été prescrit la poursuite de l’enquête. D’autres témoins seront interrogés prochainement « pour vérifier la matérialité ou non des faits reprochés au professeur ». La mère d’élève, accusée de menace de mort, sera quant à elle convoquée en justice dans le cadre d’une composition pénale en février prochain.