Les associations de défense des prisonniers, les syndicats étudiants et agricoles, et les mouvements de jeunes issus des partis indépendantistes étaient réunis ce lundi après-midi devant la prison de Borgo pour évoquer une nouvelle fois le sort des prisonniers et anciens prisonniers. L'objectif, interpeller l'Etat et les élus insulaires, pour qu'au delà des "paroles" surviennent des actes forts.
Un nouveau rassemblement, pour dénoncer, une nouvelle fois, le traitement judiciaire réservé à Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, et appeler plus largement à la libération de "tous les prisonniers politiques".
Ils sont une petite centaine à s'être réunis devant le centre pénitentiaire de Borgo, ce lundi 24 octobre. Un mouvement qui se voulait large, et une conférence de presse réunissant associations de défense des prisonniers, syndicats étudiants et agricoles et mouvements de jeunes issus des partis indépendantistes.
"Au mois de juin 2022, Alain Ferrandi se voyait refuser sa libération conditionnelle. Pierre Alessandri subit la même décision 3 mois plus tard", ont rappelé les participants, à la lecture d'un communiqué commun. "Après avoir refusé pendant tant d'années le droit au rapprochement, avec les conséquences dramatiques que l'on connaît, on retrouve dans cette décision inique les mêmes mécanismes, argumentés de faux prétextes aussi fallacieux les uns que les autres, diligentés par les services du ministère de l'Intérieur."
Les organisations rappellent ainsi la note émanant des services du ministère de l'Intérieur, intitulée "Le contentieux corse. État actualisé de la menace", et sur laquelle la chambre de l’application des peines antiterroriste se serait référé pour statuer sur les demandes de semi-liberté de Pierre Alessandri et Alain Ferrandi.
"La note émanant du ministère de l'Intérieur visant à faire de Pierre Alessandri et d'Alain Ferrandi des bouc-émissaires n'est rien d'autre qu'un "alibi", énumérant des faits n'ayant pour la plupart aucun rapport avec les principaux intéressés, elle vise uniquement à justifier leur détention", dénonce le communiqué des associations et organisations.
Qui insiste : pour les deux hommes, condamnés depuis 2003 dans l'affaire Erignac, "l'acceptation de leur liberté conditionnelle [ils y sont éligibles depuis 2017, ndlr] ne constituerait en rien un trouble à l'ordre public."
Des paroles aux actes
Ainsi, et dans le cadre du cycle de réunions avec Paris autour d'une possible évolution institutionnelle de la Corse, associations et organisations appellent Etat et élus insulaires à remettre la question des prisonniers et anciens prisonniers au centre des discussions. Et à ce qu'aux "simples paroles" succèdent des "actes forts".
"Ce que nous demandons, c'est dans les plus brefs délais, une réunion sur le sujet des prisonniers", détaille Camille Martelli, porte-parole de l'association de soutien aux prisonniers l'Ora di U Ritornu. "Ce n'est pas la première fois que nous en parlons, nous avons tenu une première conférence sur le sujet au nom de notre collectif il y a deux semaines, et depuis, plusieurs communiqués sont parus de la part de l'ensemble des structures."
Outre le cas de Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, c'est aussi le sort de Jean-Christophe Albertini, d'Antone Pes, de Julien Muselli et d'Adrien Matarise qui doit être abordé, souffle-t-elle.
"Aujourd'hui, il reste six prisonniers. On ne demande pas de faveurs, on ne demande pas d'amnistie, on demande qu'il y ait une solution juridique adaptée pour chacun d'entre eux, insiste Camille Martelli. C'est largement réalisable, surtout quand on entend engager un processus de discussions qui se dit historique."
Le collectif, et plus largement l'ensemble des mouvements et associations présents, ce lundi après-midi devant la prison de Borgo, promettent de se montrer "très attentifs" à ce que le processus de réunion avec le ministre de l'Intérieur ne reprenne pas sans clarification sur ce point. "Ce qui est sorti de l'Assemblée de Corse [après le rejet par la cour d'appel antiterroriste de Paris de la demande d'aménagement de peine de Pierre Alessandri le 29 septembre, ndlr], c'est un premier geste, mais ce n'est pas suffisant. Nous attendons plus."
Sans préciser ni date butoir ni de format précis d'action, Camille Martelli prévient : faute de réponses "rapides" de la part des élus corses et du gouvernement, "nous discuterons tous ensemble de la suite à prendre, et de peut-être monter d'un cran notre mobilisation."