Cheval de bataille du président des comités régional et national des pêches Gérard Romiti depuis des années, actée par une circulaire du Premier ministre en novembre 2019, la direction de la mer et du littoral en Corse devient réalité à compter du 1er octobre 2021.
"Nous allons enfin pouvoir mettre en place une stratégie de développement harmonieux de notre région en matière d'économie bleue, notamment autour de pratiques de pêche responsables, viables et respectueuses." Pour Gérard Romiti, président du Comité national des pêches maritimes et des élevages marins, et de sa déclinaison régionale en Corse, la création ce 1er octobre de la direction de la mer et du littoral de Corse, est l'aboutissement de cinq années de travail et de démarches.
Une prise en compte des spécificités de la Corse
Jusqu'à présent, la Corse dépendait de la direction inter-régionale de la mer (DRIM) de Marseille. En métropole, 4 DRIM se partagent les quatre grands périmètres maritimes : Manche Est - Mer du Nord, Nord-Atlantique - Manche Ouest, Sud-Atlantique et Méditerranée.
Comme la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane et les territoires du Sud de l'Océan Indien, elle est désormais dotée d'une direction de la mer à part entière. Un service déconcentré de l’État regroupant les missions « mer et littoral » des deux directions départementales des territoires et de la mer de Corse-du-sud et de Haute-Corse (DDTM), ainsi que celles de la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement de Corse (DREAL) et de la délégation corse de la direction interrégionale de la mer Méditerranée.
"Sur les 1.050 km de nos côtes, 600 dépendent du parc marin ou de réserves Natura 2000, soit 60% de l'espace. Pour les autres zones de la Méditerranée, c'est entre 5 et 10%. Ça change tout, en matière de gestion halieutique notamment" explique Gérard Romiti, satisfait que ces spécificités soit désormais reconnues.
Une prise en main du domaine maritime insulaire
Sous l'autorité de l'Etat, en partenariat avec la Collectivité de Corse et les acteurs du secteur, la direction de la mer et du littoral de Corse étend ses compétences jusqu'à 12 miles des côtes, en matière de gestion des ressources marines, ainsi que de régulation des activités exercées en mer et sur le littoral. Elle concourt à la planification des activités en mer, à la protection du littoral et des milieux marins, à la gestion intégrée des zones côtières et à la gestion du domaine public maritime. Elle assure également les missions portuaires de l’État en Corse.
Sauver le denti
La première décision qu'en attend Gérard Romiti, c'est un moratoire sur la pêche du Denti, cette espèce emblématique classée depuis 2014 sur la liste des espèces menacées. Les chercheurs de la plateforme scientifique Stella Mare qui travaillent à la préservation du Denti, ont établi que la pêche récréative représente "un prélèvement conséquent sur la ressource." Cela fait plusieurs années que le président du comité des pêches cherche à obtenir ce moratoire. "Avec la DIRM de Marseille, on n'a jamais réussi à l'avoir. J'espère que ça va changer!"
Protéger l'environnement marin
C'est l’administrateur en chef des affaires maritimes, Riyad Djaffar, précédemment directeur départemental adjoint à la direction départementale des territoires et de la mer de Corse-du-Sud, qui a été nommé directeur de la direction de la mer et du littoral de Corse. Selon lui, "il y avait une attente importante de l'ensemble des acteurs du secteur de pouvoir disposer de ce guichet unique pour répondre à l'ensmble de leur demandes."
Et pour le directeur de cette nouvelle structure qui réunit différents services existants, étend ses compétences et emploie 85 personnes dont 10 postes en cours de recrutement, l'axe majeur du travail qui sera mené, sujet transversal à l'ensemble du secteur maritime, c'est la protection de l'environnement marin.