Depuis quelques années, l'extrémité du Cap Corse est en déficit d'eau. Alors que nous ne sommes qu'au mois d'avril, certains puits et sources sont déjà asséchés, notamment sur Rogliano et Tomino. Problème, les élus du Cap n'ont toujours pas de propositions et de projets sur le long terme pour remédier à ce manque, à part l'utilisation de l'usine de dessalement.
Penché devant ce puits, installé au cœur de sa commune et dédié à l'agriculture, Patrice Quilici, le maire de Rogliano, se désole. "Il y a toujours eu de l'eau, toujours. Et aujourd'hui, pas une goutte, c'est incroyable. On n'a jamais vu ça..."
En 2023, le niveau de l'eau dans ce même puits atteignait les 4,5 mètres. En hauteur, dans les hameaux, la situation est similaire : certains points d'eau, comme les lavoirs et les fontaines, ne sont plus alimentés. Plus problématique encore : le réservoir d'eau potable de la commune accuse un sérieux déficit.
Pour le combler et passer confortablement l'été, le maire de Rogliano a décidé de réactiver l'usine de dessalinisation. L'autorisation a été donnée par l'Etat pour une période de trois ans. Le dispositif a coûté 1,3 million d'euros. Un investissement qu'il faudra amortir.
"Aujourd'hui, le prix de l'eau avec l'office hydraulique est d'environ 3 euros le litre cube avec la taxe communale. Mais la taxe communale va sûrement augmenter, on ne sait pas encore très bien de combien, mais elle augmentera. Nous n'avions pas le choix", indique Patrice Quilici.
"Ça fait 30 ans qu'on en parle du manque d'eau"
Alors que d'autres sites en Corse n'accusent pas de manque de pluie, comme Porto-Vecchio ou la région ajaccienne, la côte Est et l'extrémité du Cap Corse souffrent de trop petites quantités d'eau. La faute à une trop forte présence du Libecciu.
Cette météo particulière n'est pas une surprise. Mais les élus du Cap Corse estiment être depuis trop longtemps délaissés, comme l'explique le maire de Rogliano : "Ça 30 ans qu'on parle du manque d'eau. Aujourd'hui, tout le monde s'en aperçoit. Même les détracteurs de l'usine de dessalement comprennent qu'il n'y a plus d'autres solutions que celle-là."
Des plans à moyen ou long terme
Au 1er janvier 2026, les communautés de communes vont récupérer la gestion de l'eau potable et de l'assainissement. Pour le territoire du Cap Corse, quelques pistes ont été évoquées, notamment dans le PTGE, le plan territorial de gestion de l'eau.
"Cela peut être des connexions d'une vallée à l'autre, puisque certaines vallées ont plus d'eau, sont plus étendues, ont des sommets plus élevés..., détaille Patrick Sanguinetti, président de la communauté des communes du Cap Corse. C'est le PTGE qui déterminera tout ça, mais on parle de moyen à long terme."
C’est-à-dire pas avant 10 ou 15 ans, alors que le problème est urgent. On le constate cette année, le niveau de l'eau dans les réserves du Cap Corse est au plus bas, dès ce mois d'avril.