Débrayage en soutien au professeur accusé d'avoir frappé un élève : "on ne comprend pas bien ce que la justice vient reprocher à notre collègue, qui est exemplaire"

28 établissements ont débrayé, ce matin, à travers la Corse, à l'appel du STC, qui dénonce les conditions de la mise en garde à vue du professeur d'histoire-géo de Giraud inquiété par la justice.

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"Ce matin, notre collègue était avec nous, il nous a raconté ce qui s'était passé, et nous avons manifesté notre révolte. Avoir un collègue menotté de cette façon, alors qu'il arrive tranquillement à une convocation, cela nous semble totalement disproportionné par rapport à ce qui lui est, soi-disant, reproché".

Isabelle Nicoli est professeure d'Histoire-Géographie au collège de Giraud, l'établissement où exerce également le professeur qui aurait, selon les accusations portées par une mère d'élève, donné un coup de pied à son enfant, qui est l'un de ses élèves. 

Et elle est l'un des nombreux membres du corps enseignants à avoir manifesté, ce matin, leur condamnation des conditions "intolérables" de mise en garde à vue de leur collègue, à l'appel du STC, suivi par une intersyndicale. 

L'agression supposée remonte à 2022. La justice ne s'est pas encore prononcée sur une affaire riche en rebondissements, après que le professeur a accusé la mère de famille d'avoir proféré des menaces de mort à son encontre

Mais au-delà du "menottage", nombreux sont les professeurs à prendre la défense de leur collègue, à l'image de Pascal Pulicani, un autre des enseignants qui exerce à Giraud : "on ne comprend pas bien ce que la justice vient reprocher à notre collègue, qui est exemplaire, qui a une longue carrière derrière lui, et qui ne comprend pas, lui non plus"

De surcroît, ce n'est pas le seul cas de ce professeur qui était au centre des discussions, mais l'inquiétude qu'un cas de ce genre se renouvelle : "nous avons des craintes, on peut se retrouver touché par une plainte sur une rumeur, c'est parole contre parole, et on se retrouve vite en garde à vue. On ne peut plus effectuer correctement notre travail", estime Isabelle Nicoli. 

28 établissements ont débrayé 

En tout, 28 établissements, en Haute-Corse et en Corse-du-Sud, ont répondu positivement, ce matin, à l'appel au débrayage.

Le procureur de la République de Bastia a fait savoir, pour sa part, que l'enquête se poursuivait. D’autres témoins seront interrogés prochainement « pour vérifier la matérialité ou non des faits reprochés au professeur ». La mère d’élève, accusée de menace de mort, sera quant à elle convoquée en justice dans le cadre d’une composition pénale en février prochain.

Du côté du rectorat, on reste prudent. Jean-Philippe Agresti, le recteur, a fait savoir qu'il ne s'exprimerait pas sur la procédure judiciaire, qui "ne perturbe pas le fonctionnement de l'établissement et l'activité du professeur"

Il se dit prêt à recevoir les syndicats, si c'est derniers le désirent, et précise que si l'enseignant mis en cause entend porter plainte pour dénonciation calomnieuse, "le rectorat lui apportera une protection fonctionnelle"

"Personne ne peut accepter aujourd'hui de voir un enseignant menotté"

 Dans un communiqué, Core in Fronte indique apporter son soutien à "son militant Gérard Dykstra". "Personne ne peut accepter aujourd'hui de voir un enseignant menotté. Core in Fronte comprend l'émoi de la communauté éducative" et soutient à ce titre le débrayage organisé. 

Le mouvement précise s'interroger "sur les motivations du procureur Navarre, pour mettre en garde à vue un professeur dans une telle procédure".

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