Fièvre catarrhale en Corse : fin de la gratuité du vaccin, les éleveurs s'inquiètent d'un possible retour de la maladie

Des souches de la fièvre catarrhale sont identifiées en France. La maladie, qui atteint les bovins et ovins, a durement touché la Corse il y a 3 ans. L'île bénéficiait depuis d'une vaccination gratuite des troupeaux. Ce n'est plus désormais plus le cas. Une situation qui inquiète certains éleveurs.

Perché au sommet de son exploitation de 60 hectares, à Alistro, Jean Cardi guette attentivement son troupeau de 550 brebis.

Car l’arrivée du printemps n’annonce pas que le retour des beaux jours, mais aussi celui des moucherons piqueurs du type culicoïdes.

Des insectes plus petits qu’une pièce de monnaie qui sèment pourtant chaque année l’inquiétude dans les élevages de vaches et moutons. Et pour cause : ceux-ci peuvent être porteurs de la fièvre catarrhale ovine (FCO), également connue sous le nom de maladie de la langue bleue. Cette infection virale contagieuse touche principalement les ruminants domestiques : ovins, bovins et caprins.

Si elle ne présente pas de risque pour l’homme, elle peut, en fonction du sérotype du virus – on en compte 27 – être hautement pathogènes, et provoquer le décès des animaux.

Pas de répulsifs et vaccins gratuitement fournis cette année

Cette année, aucun cas de fièvre catarrhale n’a pour l’heure été détecté en Corse. Une bonne nouvelle, qui n’empêche pas Jean Cardin, l’éleveur, de vouloir prendre ses précautions en faisant vacciner son troupeau. Problème, ni les répulsifs contre les insectes vecteurs de la maladie, ni le vaccin ne seront fournis gratuitement en 2021.

En 2020, et après publication au Journal Officiel de deux arrêtés modifiant les dispositions de la campagne de lutte contre le FCO, la vaccination contre les sérotypes 1 et 4 est passée d'obligatoire à "autorisée" (pour la période du 15 janvier au 30 septembre 2020), et la mise à disposition des vaccins réservée à l'espèce ovine. Une mesure qui n'a pas été reconduite.

En 2020, nous n’avions que 35 % des moutons qui étaient vaccinés, ce qui nous a conduit à jeter pas mal de doses qui s’étaient périmées.

Sabie Hofferer, directrice régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt

Une décision défendue par les services de l’Etat. Sabine Hofferer, directrice régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt, décrit ainsi "une maladie qui entraîne des troubles de la reproduction chez les ovins, mais qui passe dans un régime normal comme n’importe quelle autre maladie".

D’autant que sur les trois dernières années, et malgré la gratuité du vaccin, "il y a eu peu d’engouement des éleveurs. En 2020, nous n’avions que 35 % des moutons qui étaient vaccinés, ce qui nous a conduit à jeter pas mal de doses qui s’étaient périmées."

Crainte d'un scénario catastrophe

Reste que Jean Cardi s’inquiète pour la suite. "Si on ne peut pas faire venir le vaccin et que la catarrhale commence à envahir le troupeau, si les bêtes meurent et qu’elles ne sont pas vaccinées, on va nous rétorquer que le fonds d’indemnisation n’interviendra pas." L’éleveur redoute un "scénario catastrophe" où il se retrouverait "sans brebis et sans moyens." "Que devient l’homme sans le monde animal pour se nourrir ? On ne va pas manger du carton."

Les gens sont plus attentifs au Covid et ne se soucient plus des bêtes.

Son fils, Nicolas Cardi, éleveur à ses côtés, acquiesce. "Les gens sont plus attentifs au Covid et ne se soucient plus des bêtes. [La catarrhale] c’est un virus qui ne meurt qu’en dessous de 10 degrés. Si la chaleur venait à arriver, il se pourrait qu’il frappe très fort."

Jean et Nicolas Cardi peuvent faire appel à un vaccin d’Espagne pour leur troupeau. Mais il faudra y mettre les moyens : autour de 3.800 euros en fonds propre.

Présente en Corse depuis les années 2000

Originaire des zones subtropicales, la fièvre catarrhale ovine est détectée en Europe pour la première fois dès la fin des années 1950 au sud de l’Espagne et du Portugal, et circule en France continentale depuis 2006.

En Corse, la maladie est recensée depuis le début des années 2000, et a été à l’origine d’une importante épizootie en 2003. Elle a depuis touché à plusieurs reprises les élevages insulaires. En 2013, plus d’une centaine d’exploitations de moutons insulaires ont été atteintes, occasionnant de nombreux décès parmi les bêtes et d’importantes pertes financières pour la filière.

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