Législatives, 1re circonscription de Haute-Corse : le bilan de Michel Castellani

Le grand public se souviendra surtout de lui pour la loi Castellani, sur le 5 mai. Le doyen des députés corses n'a pas ménagé ses efforts à Paris, durant cinq ans, particulièrement dans le domaine économique.

"1.200 interventions dans l'hémicycle, et 450 en commission des finances". Michel Castellani affiche un léger sourire quand il revient sur son bilan au palais Bourbon durant les cinq dernières années, en tant qu'élu de la 1re circonscription de Haute-Corse, sous l'étiquette nationaliste. 

Faire ses preuves

Il faut dire que ce n'était pas gagné. Après sa victoire (60,81 %) face à Sauveur Gandolfi-Scheit, au soir du 18 juin 2017, Michel Castellani devenait l'un des trois premiers députés nationalistes de l'histoire de la Corse. Un tremblement de terre à l'échelle de la Corse. Mais il fallait maintenant transformer l'essai au plan national...

Si en Corse, les nationalistes étaient devenus la force politique principale, à l'Assemblée nationale, ils n'étaient que trois, esseulés parmi 577 élus. Des élus qui ne voyaient pas d'un très bon œil les thèses défendues par leur camp.

Mais Michel Castellani, quelques semaines à peine après l'élection, se voulait rassurant : "des députés sont sympas, viennent me parler de la Corse. Ils connaissent un peu et y voient un paradis. À côté de ça, la majorité des gens est au mieux dans la distanciation polie et au pire dans une hostilité manifeste. On saura quand même se débrouiller et faire entendre la voix de la Corse, faire reconnaître ce que nous sommes et mettre en lumière la nécessité de traiter sur le fond la question corse. Ne vous inquiétez pas".

La loi Castellani

Même ses adversaires le reconnaîtront. A Paris, le septuagénaire n'a pas chômé. A son bilan, Michel Castellani peut même inscrire le projet de loi qu'il a porté, et défendu devant la représentation nationale. Et qui est devenu une loi, qui porte aujourd'hui son nom. 

Ce supporter inconditionnel du Sporting Club de Bastia, qui ne manque pas un match à Armand Cesari, en tribune sud, avec ses amis de Sisco, le village dont il est originaire, a réussi à faire officiellement valider par les textes l'interdiction de jouer des matchs de football le 5 mai, en mémoire de la catastrophe de Furiani.

L'aboutissement d'un combat long de plusieurs décennies, mené par le Collectif. Un combat qui avait suscité de nombreuses promesses, mais qui s'était jusque-là heurté à la mauvaise volonté de Paris.

"Enfermés dans ces logiques de groupe, nos prédécesseurs ont toujours tout accepté", commentera Michel Castellani à mi-mandat, persuadé que l'étiquette nationaliste offre une incontestable liberté d'agir. C'est avant tout dans le domaine des finances que celui qui est titulaire d'un doctorat d'Etat en Sciences économiques a exercé son mandat de député, entre 2017 et 2022.

Pour empêcher que le reliquat du PEI (programme exceptionnel d'investissement pour la Corse) soit transféré à Paris, mais également dans les dossiers épineux du Crédit d'impôt d'investissement, prolongé jusqu'en 2023, le PTIC, ou encore le très politique contentieux entre la Collectivité de Corse et la Corsica Ferries...

L'écueil de l'autonomie

Dans son bureau à l'Assemblée nationale, Michel Castellani a suspendu au mur un drapeau à tête de maure. Celui qui brigue un second mandat, à l'âge de 76 ans, se réclame du courant autonomiste depuis son plus jeune âge. Et il connaît la politique par cœur.

Il sait que, après cinq ans de travail et de lobbying et la création du groupe politique Libertés et Territoires, où il siège avec Jean-Félix Acquaviva, Paul-André Colombani, mais également des Marcheurs, des élus régionalistes ou des radicaux, les députés nationalistes ont obtenu une certaine légitimité au sein de l'hémicycle. Mais que le chemin est encore long pour que leurs revendications autonomistes soient entendues. 

Le 14 mars dernier, il le faisait entendre, de manière virulente, lors d'une conférence de presse à l'Assemblée nationale. Quelques jours plus tôt, dans le sillage de l'agression meurtrière dont avait été victime Yvan Colonna, des manifestations violentes, s'étaient déroulées en Corse. Et le gouvernement avait accepté, dans la précipitation, le rapprochement d'Alain Ferrandi et Pierre Alessandri, longtemps refusé.

Pour Michel Castellani, c'était une preuve de plus du mépris de Paris pour le jeu démocratique, dans son bras de fer avec la Corse : 

 "On a voulu systématiquement décrédibiliser les élus de la Corse. On a voulu les humilier. Les centaines d’amendements que nous avons déposées dans l’hémicycle, ont été balayées d’une parole : « Refusé ! », comme si les sujets, que nous soumettions, n’avaient aucun intérêt. (...) En humiliant les élus du suffrage universel, c’est la démocratie que l’on refuse et que l’on humilie systématiquement. Aujourd’hui, en Corse, les jeunes se tournent vers nous pour dire : « Nous avons obtenu en sept jours ce que vous n'avez pas obtenu en sept ans ». Voilà la politique du gouvernement et de l’Etat ! Il n’a pas eu de respect pour nous, mais nous en avons pour eux parce que nous sommes des démocrates. C’est maintenant à eux de corriger leur faute et leur politique".

Alors que le processus de discussion entre le gouvernement et la Corse devrait débuter le 18 ou le 19 mai prochain, Michel Castellani sait que les députés des quatre circonscriptions de l'île auront un rôle majeur à jouer. Et il espère bien y avoir sa part. 

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