Yannick Jadot, candidat à l'élection présidentielle, était en déplacement de campagne à Bastia, ce lundi 31 janvier. Une visite durant laquelle l'écologiste a notamment présenté son "projet pour la France et pour la Corse" au président du conseil exécutif.
Du haut de son mètre 93, Yannick Jadot se repère facilement parmi les autres voyageurs à la sortie de l'avion, aux portiques de l'aéroport de Poretta. À moins de trois mois du premier tour de l'élection présidentielle, le candidat écologiste est en déplacement en Corse pour lancer sa campagne, ce lundi 31 janvier.
Un passage express à Bastia au carnet de rendez-vous serré, auquel l'homme politique n'entendait pas déroger : "il y a bien des sujets à aborder, avec la Corse et les Corses."
Premier arrêt : les locaux de la Collectivité de Corse, pour une rencontre planifiée avec Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse. Un tour de table tenu en compagnie de plusieurs soutiens régionaux, à savoir le député européen membre du groupe les Verts François Alfonsi, la secrétaire régionale EELV Leslie Pellegri, et Agnès Simonpietri, chef de file de la liste Ecologia Sulidaria aux dernières élections territoriales.
L'occasion pour le candidat écologiste d'aborder "les nombreux points de convergence" existants entre son mouvement et la politique portée par la majorité territoriale. Le régionalisme, cite notamment Yannick Jadot : "nous sommes d'accord sur la perspective d'autonomie de plein droit de plein exercice." Mais également "sur la question du rapprochement des prisonniers - je me suis déjà exprimé sur ce sujet -, sur la perspective d'autonomie énergétique, sur le fait qu'il va falloir discuter des nouvelles compétences de régions en général, de la Collectivité de Corse en particulier..."
Aujourd'hui, estime Yannick Jadot, "il y a une opportunité historique de créer une nouvelle relation entre la France et la Corse, dont le président Macron ne s'est malheureusement pas saisi. Mais les cinq ans qui viennent doivent être cinq années de sortie d'une relation de défiance. Il y a eu beaucoup d'évolutions menées côté Corse. Il est temps que du côté de l'Etat soient également entamées des évolutions."
Yannick Jadot est un candidat qui représente un courant d'idée important en France et en Europe, courant d'idée avec lequel nous avons historiquement des échanges soutenus et fructueux.
Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse
L'occasion aussi, bien que le candidat s'en défende, de peut-être engranger de nouveaux soutiens et parrainages parmi les élus nationalistes insulaires. "Ce n'était pas l'objectif de la rencontre, recadre immédiatement Gilles Simeoni, interrogé sur le sujet. Je pense qu'en ma qualité de président du conseil exécutif de Corse, je n'ai pas à apporter un soutien ou engager ma signature. Je cherche à défendre les intérêts de la Corse et des Corses, de les faire prendre en compte dans le débat présidentiel. Yannick Jadot est un candidat qui représente un courant d'idée important en France et en Europe, courant d'idée avec lequel nous avons historiquement des échanges soutenus et fructueux."
Si le président du conseil exécutif se dit "très heureux" des discussions tenues avec le candidat écologiste, qu'il connaît depuis plusieurs années, il précise pour autant : "j'aurais sans doute l'occasion de recevoir bientôt d'autres candidats et candidates, et je leur tiendrai le même discours sur nos attentes, et je verrai quelles seront leurs réponses".
"On a une belle marge de progression"
Après un bref repas aux côtés des représentants écologistes régionaux, et une conférence de presse, c'est par une promenade que Yannick Jadot et son équipe de campagne ont choisi de clôturer la journée. Après un arrêt rapide à la mairie de Bastia, et quelques mots échangés avec le maire, Pierre Savelli, le candidat et ses soutiens ont progressé dans les rues bastiaises jusqu'à rejoindre l'Aldilonda.
Une balade propice pour agrémenter l'album photo de campagne - les arrêts ont été nombreux -, mais moins pour engager la discussion avec les quelques rares passants. "On aurait bien aimé parler un peu avec lui, parce qu'on pensait peut-être voter écolo, souffle cette Bastiaise retraitée, de sortie avec une amie. Mais ils marchent tous sans s'arrêter. On ne va pas leur courir après..."
En 2017, l'alliance Parti Socialiste - Europe Ecologie les Verts, menée par Benoît Hamon, avait obtenu 6,39% des votes exprimés au premier tour de l'élection présidentielle. Un (très) petit score, près de deux fois inférieur en Corse : 3,74%. "On peut dire qu'on a une belle marge de progression", plaisante François Alfonsi.
Le député européen reprend, plus sérieusement : "La venue de Yannick Jadot, aujourd'hui, c'était important parce que cette élection présidentielle va ouvrir une nouvelle période politique à laquelle la Corse est très intéressée. Cela fait cinq ans que nous avons élu un gouvernement en Corse qui est autonomiste, et cela fait cinq ans qu'il n'y a pas de rapports efficaces de dialogue avec l'Etat. Il est important que cette élection permette de créer des conditions nouvelles, des conditions que Yannick Jadot participe à créer. C'est un homme qui pèse dans le débat politique français. J'espère qu'il pèsera le plus possible pour que nos revendications et nos attentes pour l'avenir de la Corse soient entendues."
Un message que les représentants régionaux entendent bien tenter de faire entendre au plus grand nombre au cours des prochaines semaines.
Retrouvez le In Tantu in pulitica avec Yannick Jadot, diffusé ce lundi 31 janvier sur France 3 Corse ViaStella.