Grève, directeur licencié et bientôt réintégré, avenir en suspens... l'usine des eaux d'Orezza en crise

Alors que les employés de l’usine des eaux d’Orezza sont en grève, le contrat de location-gérance qui lie la Collectivité de Corse à la famille Mora, exploitant de l’usine, prend fin dans un mois. Et aucun accord n’a pour le moment été trouvé pour la suite.

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Une usine à l’arrêt, des salariés en grève depuis trois jours et des politiques qui expriment leur soutien. Le petit village de Rapaggio, au coeur de la Castagniccia, héberge l’usine des eaux d’Orezza, fleuron de la microrégion et de la Corse, et depuis quelques jours, une mobilisation sociale a mis la production à l’arrêt.

Plus de 30 salariés des eaux d’Orezza, soit la quasi-totalité de l’usine, ont entamé une grève à durée indéterminée, dont la portée a dépassé la Castagniccia pour s’immiscer dans les débats politiques à Ajaccio. 

Il y a d’abord eu la mise à pied à titre conservatoire et la procédure de licenciement du directeur d’exploitation Jean-Louis Rossi, qui va finalement été réintégré ce vendredi. 

Mais une autre menace se dessine en filigrane de cette grève, dont l'origine est le licenciement de son directeur d'exploitation : l’avenir du site, alors que le contrat de location-gérance qui lie la Collectivité de Corse à la famille Mora, exploitant de l’usine, prend fin dans un mois. Et que les négociations patinent.

Climat "anxiogène"

Le secrétaire générale du STC parle d’une décision et d'un climat "anxiogène", alors même que les salariés des eaux d’Orezza sont dans l’incertitude quant à leur avenir.

La grève qui touche l’usine des eaux d’Orezza s’inscrit ainsi dans un calendrier compliqué, et dans un climat de défiance entre les salariés et la société SNEEMO (syndicat d’exploitation des eaux d’Orezza) dirigée par Marie-Laurence Mora, qui exploite une usine qui appartient à la Collectivité de Corse.

"La location-gérance prend fin le 23 février, et on ne sait pas comment ça va se passer ensuite, ça crée de la crainte", continue Jean Brignole, qui parle d’un "dialogue très difficile" avec une dirigeante jamais là, ou presque.

Dans un communiqué, la présidente de la SNEEMO Marie-Laurence Mora s’étonne du "timing de ce mouvement de grève" et explique "que les légitimes inquiétudes des personnels ne sont pas sciemment créées par la direction de la SNEEMO, mais plutôt par le retard dans une décision de la Collectivité."

Une réunion décisive dimanche entre l'exploitant, la Collectivité et les salariés

Alors, à qui la faute ? Du côté de l'exécutif, on s’inquiète de la lenteur des négociations. Une réunion tripartite entre Marie-Laurence Mora, les syndicats et le président du conseil exécutif de Corse Gilles Simeoni doit avoir lieu dimanche. L’objectif est simple : trouver un accord entre la Collectivité de Corse et l’exploitant des usines des eaux Orezza pour sortir de la crise, et assurer la continuité du site après le 23 février, date de la fin du contrat de location-gérance qui dure depuis 18 mois.

À deux jours de la réunion, et alors qu’une réponse est espérée lors de l’assemblée de Corse du 28 et 29 janvier, une option semble être privilégiée : la signature d’un nouveau contrat de location-gérance sur 4 ans, avec notamment une clause sur les dividendes en Corse pour plus de retombées économiques en Corse, ainsi que le rachat par la Collectivité de Corse d’une parcelle appartenant à Mme Mora où se trouvent les cuves et certaines machines de l’usine.

"Tout le monde est conscient des problèmes de négociation avec Mme Mora, reconnaît Nadine Nivaggioni, membre de la majorité territoriale. Il y a un problème de fond. L’issue est compliquée s’il n’y a pas de signature, ce qui est en train de se passer nous préoccupe."

Sans accord, l’usine pourrait se retrouver à l’arrêt le 24 février. Une hypothèse que n’envisage pas Nadine Nivaggioni. "On trouvera une solution, on ne laissera pas l’activité être suspendue."

Au-delà des négociations, les différents interlocuteurs jugent que l’usine, implantée en Corse et dont la propriété revient à la Collectivité de Corse, ne rapporte pas suffisamment à la région. "Il n’y a pas de retombées économiques sur la Corse, juste des emplois", déplore Antoine Poli, président de la Communauté de communes de la Castagniccia-Casinca. 

Le président de la ComCom regrette, comme d’autres, que les bénéfices tirés de l’usine corse profitent à une famille basée à Monaco, et dont certains investissements se concentrent notamment sur le continent.

Le président de la ComCom de la Castagniccia-Casinca regrette "un manque d’anticipation total" de l'exécutif.

Si les négociations sont si compliquées, c’est aussi parce que la famille Mora est propriétaire d’une parcelle où se trouvent des cuves et certaines machines de l’usine. "C’est la complexité du dossier", glisse Jean Brignole. 

La Collectivité de Corse n’a donc pas toutes les cartes en main, et doit forcément s’adapter à la famille Mora, dont l’attitude est jugée "irresponsable" par Nadine Nivaggioni.

Le président de la Communauté de communes de la Castagniccia-Casinca regrette toutefois "un manque d’anticipation total" de l'exécutif. "Pendant 18 mois, ils n’ont rien envisagé d’autre que Mora."

"S’il n’y a pas d’accord, il n’y a plus d’activité, c’est la réalité"

Jean Brignole, secrétaire général du STC

Si la prolongation du contrat de location-gérance après le 23 février entre la Collectivité de Corse et la famille Mora est une option fortement envisagée, d’autres alternatives sont étudiées.

Certaines voix plaident pour un retour de l’usine dans le giron public (Core in Fronte notamment), ce qui serait possible mais demanderait du temps et un investissement de la Collectivité de Corse pour racheter les biens de la famille Mora.

La création d’une régie intercommunale, un établissement public chargé de la gestion d'un service public, a également été proposée par des élus de la micro-région, selon des informations de Corse Matin, alors que la désignation d’un nouvel exploitant est plus illusoire.

"C’est compliqué, le passage est très étroit", glisse Nadine Nivaggioni. "S’il n’y a pas d’accord, il n’y a plus d’activité, c’est la réalité", souffle Jean Brignole.

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