Le député nationaliste sortant se présente pour un deuxième mandat. Si les Nationalistes, contrairement à 2017, ne sont pas réunis sous la même bannière, Jean-Félix Acquaviva, lui, veut continuer sur la voie initiée il y a cinq ans.
Qu’est ce qui a motivé votre candidature ?
En 2017, trois élus nationalistes ont été envoyés, pour la première fois, à l'Assemblée nationale. Ca a été un changement important. Nous avons tous les trois beaucoup travaillé, beaucoup défendu la Corse et le peuple corse. On nous a largement entendu sur tous les sujets relatifs à l'île, mais nous avons également été présents sur les sujets plus nationaux, sur les questions environnementales, sociales, économiques, ou sur les libertés fondamentales. Grâce au groupe Libertés et Territoires, que nous avons constitué en octobre 2018, nous avons de surcroît bénéficié d'une plus-value démocratique forte. J'ai ainsi pu faire adopter 58 amendements, faire adopter en première lecture la loi contre la spéculation foncière et immobilière dans l'île, à l'unanimité, et j'ai bien sûr également participé aux autres lois portées par mes collègues, celle de la déconjugalisation de l'Allocation Adulte Handicapé, qui est une question de dignité, ou encore la loi sur le 5 mai et celle sur les langues régionales.
Les insulaires sont devant un choix : soit ils estiment que notre méthode est la bonne, soit ils peuvent revenir aux vieilles recettes.
Si vous êtes réélu, quelles seront vos principales actions en faveur de votre circonscription en tant que député ?
Pour ma circonscription, mais également pour toute la Corse, il faudra d'abord mener à terme le vote en deuxième lecture de la loi sur la spéculation foncière et immobilière, au premier semestre 2023. C'est d'une grande importance pour le droit d'accès au logement, à la propriété et pour l'activité économique des insulaires. Il y a également la question de la régularisation, voire du gel, du prix des carburants et des produits de première nécessité à travers des règles adaptées, qu'il faudra inscrire dans un statut d'autonomie. Et puis, évidemment, la question de la fiscalité, des successions, du patrimoine, qui, si elle n'est pas réglée avant 2027, risque d'amplifier un phénomène de dépossession. Mais les chantiers sont nombreux, je n'oublie pas la santé, l'énergie et l'agriculture, qui sont des sujets tout aussi prioritaires.
Un cycle de discussions devrait s'amorcer entre le futur gouvernement et les élus de la Corse autour de la possibilité d'évoluer vers le statut d'autonomie que vous évoquiez. Quelle sera votre position sur cette question ?
On va reprendre l'ensemble des propositions techniques et politiques que nous avions déjà émises durant les cinq ans passées. Sur le statut fiscal et social de la Corse, sur les questions institutionnelles d'évolution du statut d'autonomie pour faire avancer le progrès social et économique, environnemental et culturel pour l'île, mais aussi sur la gestion de la fréquentation touristique a travers les outils adaptés. Et puis nous soutiendrons également toutes les autres propositions qui auront été décidées, en cohérence avec le conseil exécutif et son président, Gilles Simeoni.
Elles devront être mises en musique, de manière encore plus saillante, à travers le débat parlementaire. Et à travers notre relégitimation, que je souhaite, lors du scrutin de juin prochain, nous nous attacherons à faire comprendre au gouvernement qu'il faut trouver un compromis politique, et en finir avec la vision verticale qui a été la sienne durant des années.
Il faut rentrer dans un cycle ou la démocratie s'exprimera, en faisant preuve de bonne volonté de part et d'autre.
Les nationalistes, contrairement à 2017, partent en ordre dispersé. Et vous avez face à vous Lionel Mortini. Ca complique la lecture de ce scrutin.
Dans cette élection, les électeurs insulaires sont devant un choix clair : soit ils considèrent que la méthode que nous avons employée à Paris durant 5 ans est la bonne méthode pour franchir les étapes qui jalonneront la mandature qui s'ouvre, pour l'intérêt général de notre pays, soient ils estiment que nous n'avons pas assez travaillé.
Ils peuvent alors revenir aux vieilles recettes, en élisant des gens qui sont plus enclins à s'accrocher à une centrale parisienne, pour exister politiquement, pensant que c'est une logique valable pour la Corse, alors même que cette discipline de parti prenait souvent le pas sur l'intérêt de la Corse. Ou alors, ils peuvent choisir quelqu'un qui, de notre point de vue, et je le regrette, mais c'est le jeu démocratique, est plus là pour jouer le troisième tour des Territoriales que pour véritablement démontrer qu'il ferait mieux que nous.
Si vous êtes réélu, vous semblez clairement établir que vous continuerez de vous appuyer sur le groupe Libertés et Territoires.
Bien sûr. Il nous a conféré le possibilité de peser sur les débats, il nous a permis de créer des ponts avec six autres groupes parlementaires, qui nous ont suivi sur beaucoup de sujets. Et nous pensons qu'il peut ressortir plus fort de ces législatives. Le jeu semble plus ouvert qu'il n'était en 2017.
Pour résumer, nous sommes face à deux hypothèses : la première, Emmanuel Macron a une majorité absolue, mais moins large, plus nuancée en composition qu'il y a 5 ans. Si, durant la mandature qui s'ouvre, il se retrouve plus tributaire des différentes composantes de sa majorité, ça peut être très favorable au cheminement politique de notre groupe.
La deuxième possibilité, c'est une majorité absolue qui lui échappe, de quelques sièges. Une majorité relative confèrerait à Libertés et Territoires une grande plus-value. Il y a de fortes chances que des élus ne s'alignent pas sur l'union de la gauche, les sociaux-démocrates par exemple .Et à droite, au centre-droit, certains pourraient être tentés de nous rejoindre plutôt que de s'aligner sur le groupe des Républicains, en train de mourir, ou de choisir de rallier Macron. Une chose est sûre, nous avons des contacts qui nous permettent de l'imaginer.