La paillote, qui avait été construite illégalement sur le littoral de Lucciana, a été détruite après une longue bataille judiciaire.
Il n'en reste plus que des débris, et pourtant, sa surface globale frôlait les 800m2 auparavant. Cette semaine, la paillote Chez Antho a été rasée suite à une décision de justice. Construite sans permis à Lucciana en 2008 et d'une taille de 80m2, elle avait été endommagée par un incendie en 2015. Son propriétaire l'avait ensuite rebâtie dans des proportions plus importantes.
on me dit que la paillote a fait pschitt! Bravo au Garde ! Enjeu maintenant : renaturation et préservation des lieux @littoral_cdl @OFBiodiversite v. aussi non loin https://t.co/MIajAaV4J0 https://t.co/ZcehyC9LD1 pic.twitter.com/JOUOTgoEFf
— Benoist_BUSSON (@BenoistBUSSON) December 29, 2023
Des riverains à l'origine de la plainte
A l'origine, ce sont des voisins de l'établissement, soutenus par l'association de défense de l'environnement Le GARDE (Groupement d’Ajaccio et de la région Corse pour la défense de l’environnement) qui avaient déposé plainte. Aujourd'hui, après une longue bataille judiciaire, l'avocat de l'association Me Benoist Busson se réjouit de la disparition du bâtiment. "C'est une satisfaction, témoigne-t-il. C'est allé relativement vite, je crois que nous avions introduit les actions en 2020 avec le GARDE, on est fin 2023, entre la première instance, les appels, il y a eu des décisions de justice efficaces."
Le terrain, situé en zone naturelle classée espace remarquable du littoral était inconstructible. Il était aussi en zone inondable selon le plan de prévention des risques inondations et dans la bande des cent mètres.
Une longue bataille judiciaire
En mai 2022, le tribunal correctionnel de Bastia avait déjà condamné la société d'exploitation et le gérant de la paillotte à des amendes respectives de 200 000 et 100 000 euros dont une partie avec sursis. Le tribunal avait également ordonné la remise en état des lieux dans un délai de trois mois sous peine d'astreinte de 400 euros par jour de retard.
Mercredi 18 octobre 2023, la cour d'appel de Bastia avait confirmé la démolition de la paillote. La société d'exploitation "California" avait été condamnée à verser 200 000 euros d'amende dont la moitié avec sursis. Le gérant de l'établissement, Anthony Zamboni, doit quant à lui s'acquitter d'un montant de 100 000 euros dont 50 000 avec sursis. "Les amendes qui ont été prononcées par le tribunal puis la cour d'appel de Bastia sont dissuasives, et ont touché la personne morale, mais aussi son président, la personne physique", affirme Benoist Busson.
Sur les réseaux sociaux, les réactions quant à la fermeture de la paillote, qui attirait de nombreux visiteurs, n'avaient pas manqué à l'époque.
Aujourd'hui, cette affaire s'inscrit, selon l'avocat, dans une dynamique globale de protection renforcée de l'environnement. "En Corse-du-Sud aussi, où il y a d'autres affaires un peu médiatiques, on voit que les juges jugent plus rapidement qu'avant, et en matière pénale, lorsqu'il y a des amendes, elles sont plus fortes. C'est plus rapide et ça tape plus fort qu'il y a 10, 15 ans. Depuis quelques années, sur cette paillote comme sur d'autres dossiers, il y a un changement. Il y a systématiquement une réponse pénale et des actions derrière pour la remise en état."
Remettre la plage en état
Désormais, pour l'avocat, l'enjeu est justement que la remise en état de la plage soit assurée. "Cette paillote n'était pas juste une verrue qui attirait beaucoup de gens, avec des problèmes de sécurité, de graves nuisances pour les riverains qui habitaient à côté, c'était aussi une atteinte forte au milieu naturel [...] Pour renaturer, remettre en état, le Conservatoire du Littoral est en partie propriétaire, il y a des actions qui ont déjà été menées, il faut que la commune gère aussi cet espace en restreignant l'accès".
Et à l'avenir ? A l'heure du changement climatique et de l'érosion qui frappent les littoraux corses, Benoist Busson insiste sur la nécessité de ne pas installer ces paillottes sur des "milieux naturels fragiles". "La première chose à faire pour les communes ou les intercommunalités, explique-t-il, c'est de réfléchir à des endroits où on peut les installer, et cela se pense au niveau du plan local d'urbanisme, en concertation avec les services de l'Etat, les propriétaires. Ensuite, ce sont les maires en première ligne qui doivent, dès que sur leur territoire s'installe un début d'urbanisation, tout de suite réagir et faire dresser un procès verbal. C'est à eux en premier lieu d'alerter les services de l'Etat pour que des procès verbaux soient dressés. Après, la chaîne pénale fonctionne."