Le dispositif opérationnel pour la saison 2019 a été présenté sur fond de polémique, la préfète de Corse n’a pas autorisé les responsables des SIS insulaires à parler. Ils n’ont pas pu effectuer la traditionnelle revue de troupes.
Le dispositif opérationnel pour la saison 2019 de lutte contre les feux de forêt a été présenté ce mardi 2 juillet sur la base aérienne 126 de « Ventiseri-Solenzara ».
Une priorité pour l’Etat mais aussi pour les Services d’incendie et de secours de Haute-Corse et de Corse-du-Sud.
Cette cérémonie aura à nouveau été l’occasion d’illustrer les tensions entre l’Etat et la majorité territoriale sur un terrain brulant où l’on attendrait plutôt le consensus.
Josiane Chevalier, la préfète de Corse n'a pas autorisé l’Etat-major des deux SIS insulaires à s’exprimer devant la presse sur le dispositif estimant que c’était le rôle exclusif de l’Etat de le présenter aujourd’hui.
Les 2 préfets lancent la campagne de lutte contre les ? de forêts
— Préfète de Corse, préfète de Corse-du-Sud (@Prefet2A) 2 juillet 2019
Les moyens nationaux en #Corse ont été renforcés@sdis2a @sdis2b @SecCivileFrance @Armee_de_lair https://t.co/9yBuKP3bVh
Une polémique est née par la suite lors de la traditionnelle cérémonie de passage en revue des troupes.
Après avoir passé en revue les troupes avec le préfet de Haute-Corse et les autorités militaires, l’ordre a été donné de rompre les rangs au moment où les deux présidents et directeurs des SIS de Corse devaient à leur tour saluer les troupes comme les autres années.
Seuls les hommes des SIS de Haute-Corse et de Corse-du-Sud sont restés en rang contrairement à l’usage.
Dans les rangs des sapeurs-pompiers insulaires qui participent activement à la lutte incendie aux côtés de militaires de la sécurité civiles et des autres forces comme les sapeurs forestiers par exemple, cela a été très mal perçu.
La manière d'opérer a choqué y compris au-delà des rangs des pompiers insulaires des SIS.
« Je m’excuse auprès des militaires de la Sécurité Civile de ne pas avoir été convié à les saluer. Cela présage de tensions qui n’ont pas lieu d’être sur des sujets qui ne peuvent pas diviser des acteurs qui doivent se respecter pour travailler ensemble» déplore amer le président du SIS de Haute-Corse, Guy Armanet, qui a quitté la cérémonie prématurément.
Je m’excuse auprès des différents personnels de ne pas avoir été convié à les saluer. Cela présage de tensions qui n’ont pas lieu d’être sur des sujets qui ne peuvent pas diviser les différents acteurs qui doivent se respecter pour travailler ensemble. #RispettuPèLOmiDiUFocu https://t.co/04rnnVNh9S
— Guy Armanet (@GuyArmanet) July 2, 2019
Communiqué de presse des SIS2B-SIS2A
Forte chaleur comme explication
Du côté de la préfecture on se défend de vouloir écarter les acteurs dépendant de la Collectivité de Corse, on précise seulement :
« il n’y a aucune intention de créer la polémique mais que c’est uniquement à cause des fortes chaleurs qu’une seule revue d’effectif a été prévue contrairement à l’an passé ».
"Mépris colonial" pour Femu a Corsica
L'argumentation préfectorale est moquée sur les réseaux sociaux où la prefète est interpellée à de nombreuses reprises pour savoir "si avec de la forte chaleur les pompiers pourront quand même éteindre les feux cet été ?"
?Est-ce qu’on pourra aller éteindre les #feuxdeforêt #FDF quand il fait chaud m’dame ? ?#ObligationDeMoyens @sdis2b @GuyArmanet @sdis2a ? @IsulaCorsica @PompiersFR @SecCivileFrance ?#OnVitDansUnMondeDeDingues pic.twitter.com/eDTTxg1ICa
— Pat357 (@pbt357) July 2, 2019
Les réactions politiques n'ont pas tardé aussi du côté nationaliste.
Femu a Corsica sur son compte Twitter dénonce un "scandale" et parle de "mépris colonial".
Interdire aux Pdts et Directeurs des SIS de Corse de prendre la parole et de saluer les troupes est un scandale en soi. Avoir le courage de prétendre que cela a été fait à cause des « fortes chaleurs » comme le dit la Préfecture, c’est la cerise sur le gâteau du mépris colonial https://t.co/kp88y6NN4v
— Femu a Corsica - Assemblea di Corsica (@femuacorsica) 2 juillet 2019
Jean-Christophe Angelini, le Conseiller Exécutif (PNC) a fait part de "sa condamnation la plus totale" sur son compte Twitter. Son mouvement le Partitu di a Nazione Corsa dénonce aussi dans un communiqué des "pratiques coloniales".
Une illustration de plus, à la veille de la visite du premier ministre en Corse, du bras de fer Etat-Collectivité sur les compétences à exercer et les rapports politiques complexes.