En plein dôme de chaleur, la Cour des Comptes vient de publier un dossier sur la question de l’eau face au changement climatique. Un rapport qui étrille la gestion à l'échelle nationale mais aussi des régions, dont la Corse.
Il faut partout et tout de suite diminuer les prélèvements d’eau dans les milieux naturels. C'est la leçon numéro 1. Et pour cela, il faut mieux les connaître.
Sur cette question, la Cour des Comptes retient pour la Corse les chiffres les plus fous, déjà publiés en février dernier, ceux de l’eau agricole : "L’usage agricole consomme plus de 70% des volumes produits. Il ne contribue qu’à hauteur de 28,5% au produit des ventes d’eau brute".
Comment l'expliquer ? D'abord, par une politique tarifaire assumée par la Collectivité de Corse (CdC). Le prix moyen de l'eau agricole, quelle que soit la filière, est ici deux fois inférieur au reste du bassin Rhône-Méditerranée.
Fuites, triche ?
Vient ensuite la question du rendement. Sur les 5 dernières années, en moyenne, l'Office d'équipement hydraulique de la Corse a distribué 48 millions de mètres cubes d'eau brute, quand 20 millions seulement sont facturés. C'est l'équivalent d'une perte annuelle de 3 millions d'euros pour l'établissement public insulaire. Fuites, triche ?
En tout cas, Collectivité et Office ont démarré fin 2022 un programme hardi pour des compteurs d'eau brute modernisés. 25% d'entre eux ont déjà été remplacés, ce devrait être le cas pour la totalité des 4 000 bornes d'ici 2025.
La cour pointe un autre problème : la gouvernance. En Corse, l'eau est une compétence partagée entre l'Etat et la Collectivité et son office. Un modèle original qui n'a pas prouvé son efficacité, écrivent les rédacteurs de la rue Cambon.
Une agence de l'eau Corse
De son côté, l'Exécutif de Corse a indiqué, en avril dernier, qu'il ne voulait plus dépendre de l'Agence de l'eau Rhone-Méditerranée-Corse. La CdC veut une Agence de l'eau Corse... mais pas seulement.
Aujourd'hui, à la Collectivité, la compétence de l'eau concerne les services d'au moins trois directions générales différentes. L'engagement est pris de les rassembler.
Quant à l'Office d'équipement hydraulique, il vient juste de retrouver la maîtrise des investissements structurants. Une de ses missions "majeures", perdue depuis... 2006 au profit de la Collectivité, à cause d'une situation financière dégradée.
Retrouvez le reportage de Florence Antomarchi et Mathias Landry :