La CGT des marins de Marseille de Corsica Linea et de La Méridionale appelle à la grève à partir du lundi 13 janvier. Le syndicat remet en question la stratégie de La Méridionale sur la Corse, et craint l'arrivée de nouvelles compagnies en Méditerranée, sous pavillon international.
À la Méridionale, comme à Corsica Linea, les navires risquent de rester à quai en début de semaine prochaine.
Dans un long préavis de quatre pages, la CGT des marins de Marseille de la Corsica Linea appelle à cesser le travail à compter du lundi 13 janvier pour une durée de 48 heures.
Principale inquiétude : le syndicat s’alarme de l’arrivée possible de la compagnie italienne GNV, au départ de Sète et vers l’Afrique du Nord.
Une "concurrence déloyale" selon la CGT car cette compagnie navigue sous pavillon italien, soumis à une réglementation moins stricte que les pavillons français, moins protectrice pour les salariés et moins coûteuse pour les armateurs. Un sujet loin des problématiques corses, mais ce n’est qu’un motif de colère.
Concernant la délégation de service public, le syndicat réclame une revalorisation de la dotation de la continuité territoriale, pour des lignes qui sont déficitaires.
"L'enveloppe de continuité territoriale n'a pas été réindexée depuis plus de quinze ans, et il manque pas moins de 50 millions d'euros maintenant par rapport à l'inflation des matières premières et des coûts d'exploitation, surtout avec des navires qu'il faut remettre aux normes environnementales, indique Frédéric Alpozzo, secrétaire général de la CGT des marins de Marseille. Il y a de l'emploi et toute une économie notamment en Corse qui vit autour de la délégation de service public et de l'emploi privé des deux compagnies. Et aujourd'hui, comme le rapport de Monseiur Simeoni du mois d'avril l'atteste, les contrats de DSP ne sont plus financés à compter du mois de janvier. C'est un enjeu qui aujourd'hui n'est toujours pas tranché."
Le reportage de Sybille Broomberg et Guillaume Leonetti :
Du côté de La Méridionale, c’est surtout la stratégie de l’actionnaire CMA CGM qui inquiète la CGT.
L'année dernière, la ligne L'Île-Rousse-Toulon - hors délégation de service public - avait fait grincer des dents, étant considérée comme une menace sur la DSP. La Méridionale avait stoppé cette liaison quelques mois après sa mise en service. Mais une autre rotation entre Toulon et Bastia cette fois, pourrait ouvrir. Le syndicat s’interroge.
"Aujourd'hui, on demande à notre actionnaire des stratégies viables sur le long terme juridiquement et économiquement, explique Jean-Mathieu Figarella, délégué syndical CGT de La Méridionale. Tout cela, ça va se mettre en place et c'est pour favoriser les emplois, les liaisons et un service de qualité."
Pas d'autres syndicats
Nous avons tenté de joindre la direction de La Méridionale, sans succès. Elle a en revanche indiqué dans l'hebdomadaire Le marin "ne pas avoir encore pris de décision concernant la ligne Bastia-Toulon".
Contactée par téléphone, la direction de la Corsica Linea n’a quant à elle pas souhaité s’exprimer.
Sur l'île, les autres syndicats, le STC et le SAMMM, considèrent que les menaces ne sont pas immédiates pour les compagnies. Ils ne se joignent pas au préavis de la CGT.
Pour autant, les navires risquent bien de rester à quai le 13 janvier prochain.