Cinq hommes comparaissent à partir d'aujourd'hui devant le tribunal correctionnel de Paris. Ils sont soupçonnés par le parquet national antiterroriste d'avoir participé à la destruction de plusieurs résidences secondaires en Corse en mars 2019.
Les faits remontent à la nuit du 9 au 10 mars 2019. Ce soir-là, plusieurs résidences secondaires ou projets immobiliers sur l'ensemble de la Corse sont visés par des attentats, tentatives d'attentats ou incendies criminels à quelques heures d'intervalle.
Deux explosions dans deux villas à Piana, et une troisième endommagée ; deux autres habitations dégradées à Penta di Casinca ; une maison incendiée à Patrimonio. Et à chaque fois, des bonbonnes de gaz reliées reliées à un dispositif de mise à feu retrouvées sur les lieux, et un véhicule volé découvert calciné à proximité.
Pour le parquet national antiterroriste (Pnat), "la simultanéité de ces destructions, le choix des cibles, des maisons secondaires (et) le mode opératoire" démontrent "qu'il s'agissait d'une opération coordonnée et particulièrement organisée".
Malgré l'absence de revendication ou d'inscription sur place, l'accusation analyse ces dégradations "comme un retour aux nuits bleues", séries d'attentats nocturnes du FLNC (Front de libération nationale corse), notamment contre des résidences secondaires, pour dénoncer leur détention par des non-corses et la spéculation immobilière sur le littoral.
Les trois principaux prévenus, Adrien Matarise, André-François Maraninchi et Julien Muselli, sont renvoyés devant le tribunal correctionnel notamment pour "association de malfaiteurs terroriste", fabrication "d'engins explosifs ou incendiaires" et "destruction par moyen dangereux en relation avec une entreprise terroriste".
L'ADN des prévenus retrouvé sur les lieux
Selon l'accusation, les trois hommes appartiennent à la "mouvance nationaliste". Ils sont également membres de l'association de supporters du Sporting Club de Bastia "Bastia 1905", installée en tribune Est et impliquée dans plusieurs affrontements lors de matchs entre 2014 et 2017.
L'ADN des trois hommes a été retrouvé à Ville di Pietrabugno et à Penta di Casinca. Sur le fond d'une bouteille de gaz pour André-François Maraninchi, sur des opercules découverts à proximité de bouteilles de gaz pour Adrien Matarise, et sur un volet roulant pour Julien Muselli.
Ces deux derniers se voient aussi reprocher la possession de plusieurs objets, retrouvés dans leur véhicule lors d'un contrôle routier en septembre 2019 : à savoir une arme semi-automatique, un gilet pare-balles dérobé à la police, plusieurs cagoules et "divers outils susceptibles d'aider à la commission d'infraction et à la confection d'engins explosifs".
Les prévenus nient les faits
Un dernier point "hautement contesté par la défense", a indiqué à l'AFP Guillaume Martine, l'un des avocats de Julien Muselli. Le conseil compte par ailleurs discuter la portée de l'unique trace génétique trouvée à Penta di Casinca, plaidant que son client ne s'est jamais trouvé sur place et que l'ADN a pu être transporté sur les lieux.
Me Stella Canava, l'une des avocates d'Adrien Matarise, déclare également que son client "nie les faits qui lui sont reprochés".
Placés en détention provisoire en décembre 2019, les deux jeunes hommes ont été remis en liberté sous contrôle judiciaire respectivement en août 2021 et en mars 2022.
Garagiste près de Bastia, Ghjilormu Garelli, est lui poursuivi pour association de malfaiteurs terroriste. Ami des trois principaux prévenus, il lui est reproché d'avoir aidé au vol des voitures utilisées pour transporter les bonbonnes de gaz grâce à un logiciel piraté permettant de démarrer les véhicules, retrouvé dans son garage. Il est actuellement détenu pour possession illégale d'arme.
Le cinquième prévenu, Petru-Maria Marcellesi, se voit reprocher la détention illégale d'un pistolet automatique tandis qu'une femme de 29 ans, Nathalie Vincensini, est jugée pour avoir remis un téléphone portable à Julien Muselli en prison.
Un autre homme mis en examen dans le dossier a lui bénéficié d'un non-lieu.
Dans cette affaire, l'ensemble des prévenus comparaissent libres. Le procès est prévu pour durer jusqu'au 20 avril.