Lundi soir, à Corte, la coordination regroupant l'ensemble des forces nationalistes a appelé à "des rassemblements devant les préfectures" ce mardi. Le collectif sera également "représenté dans sa pluralité" lors des discussions avec le ministre de l'Intérieur, attendu en Corse ce mercredi.
Deux jours avant la visite dans l'île du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, la coordination regroupant la quasi-totalité de la famille nationaliste s'est réunie ce lundi soir à l'Université de Corse. Objectif : définir la stratégie des prochaines mobilisations en soutien à Yvan Colonna et aux prisonniers "politiques".
Après plus de quatre heures de réunion entre responsables politiques, étudiants et syndicaux, le collectif composé de 21 organisations a acté qu'il "sera représenté dans sa pluralité lors des discussions" avec le ministre de l'Intérieur et qu'il "défendra fermement ses revendications : Ghjustizia è verità per Yvan, libertà per tutti i patriotti, ricunniscenza di u populu corsu" et soluzione pulitica per a Corsica".
#Colonna Après la réunion de ce lundi à Corte, le collectif regroupant l'ensemble des forces nationalistes annonce qu'il "sera représenté dans sa pluralité lors des discussions avec @GDarmanin et appelle à des rassemblements ce mardi devant les préfectures et sous-préfectures". pic.twitter.com/9TAbrfwKnk
— France 3 Corse (@FTViaStella) March 14, 2022
Dans un communiqué lu devant les médias, le collectif a appelé "à la poursuite des mobilisations et à l'amplifier dans les jours qui suivront". Dès ce mardi, des rassemblements auront lieu devant les préfectures et sous-préfectures de l'île.
À noter que l'opération Isula morta, notamment souhaitée par les syndicats étudiants, n'a pas été retenue.
L'Université bloquée
Organisée au lendemain de la manifestation de Bastia ayant réuni plusieurs milliers de personnes, cette réunion fait suite à une nouvelle journée de mobilisation dans plusieurs établissements de l'île.
À Corte, la faculté est toujours bloquée. Aucun cours n’est dispensé sur place. "Fidèle à ses engagements, l’Università di Corsica est présente aux côtés de ses étudiants pour les soutenir dans leurs mobilisations, indique l’Université. Afin de respecter la mobilisation étudiante, une continuité pédagogique sera mise en œuvre à compter de ce jour (enseignement en visio-conférence et dépôt de documents sur l’espace numérique de travail) car l’avenir de la Corse passe aussi par l’avenir de chaque étudiant."
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Dans la matinée, les trois syndicats étudiants nationalistes (GI, GP et CGC) s'étaient adressés conjointement au Gouvernement : "la seule issue à la situation actuelle est une réponse favorable aux trois revendications portées hier dans les rues de Bastia", écrivent-ils dans un même communiqué. Un texte dans lequel les trois organisations appelaient "à amplifier la mobilisation et le rapport de force pour faire céder l’État et à un blocage total des institutions en Corse".
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— Ghj. Indipendentista (@GI_Naziunale) March 14, 2022
Tout en prenant acte de la venue de Gérald Darmanin, les syndicats "souhaitent participer, aux côtés du collectif, à des négociations pour sortir par le haut de la situation actuelle".
"Blocages partiels"
Dans les lycées, la mobilisation ne faiblit pas. Ce lundi, six établissements en Corse-du-Sud et cinq en Haute-Corse ont été de nouveau impactés par les manifestations de soutien aux prisonniers du "Commando Erignac". "Les blocages sont partiels la plupart du temps, précise le Rectorat d'Académie qui indique que "la cité scolaire du Fiumorbu est, aujourd’hui encore, complètement bloquée et qu'un blocage est également observé au collège de Lucciana".
"On a décidé de maintenir le blocus pour continuer de mettre la pression sur l'État, explique Clemente Geronimi, élève de Terminale au lycée Giocante de Bastia. Il faudrait que l'on pense davantage à nos études mais nous, dans le collectif qui a organisé ce blocage, on est tous du même avis : nous n'avons pas envie de vivre, de faire des études et de travailler dans une société qui ne nous plaît pas."
Parmi les enseignants présents ce matin devant le lycée Giocante de Casabianca, certains estimaient que ces élèves ne "devaient pas sacrifier leur avenir et celui des autres pour des idées".
"Il faut comprendre qu'il y en a qui veulent travailler, rentrer au lycée et ne le peuvent pas, souligne Christophe Zuccarelli, professeur de Mathématiques dans l'établissement bastiais. Il y a des parents qui commencent à être excédés. Le matin, il y a des tensions à l'entrée du lycée. Bloquer l'école peut être quelque chose de ponctuel mais, si cela s'inscrit dans la durée, cela ne sera profitable pour personne. D'autant qu'il y a des épreuves de spécialités qui arrivent dans pas longtemps et aussi le problème de Parcoursup pour les élèves."
À Ajaccio, ce lundi matin, le Cullettivu di i liceani corsi a tenu une conférence de presse devant les grilles du lycée Laetitia, lui aussi bloqué. "Nous continuons les blocages au moins jusqu'à l'arrivée de Gérald Darmanin ce mercredi, situe Jean-Laurent Morazzani, élève de Terminale au lycée Fesch et porte-parole du Cullettivu. Nous allons demander à ce qu'une délégation de lycéens puissent prendre part aux discussions avec le ministre de l'Intérieur."
Ce lundi soir, on ne connaissait pas encore le programme officiel de la visite de 48 heures en Corse de Gérald Darmanin.