Tentative d'assassinat d'Yvan Colonna : Paris cherche une sortie de crise

Jeudi 10 mars, Gilles Simeoni s'est entretenu avec Jean Castex auquel il a demandé la levée du statut DPS d'Alain Ferrandi et de Pierre Alessandri et leur rapprochement. Marie-Antoinette Maupertuis s'est quant à elle adressée au président Macron dans une tribune publiée dans le journal Le Monde.

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Si la Corse revient au cœur des préoccupations gouvernementales, c’est malheureusement, une fois de plus, dû à une revendication violente, voire très violente, qui dure depuis six jours maintenant dans les principales villes de l’île et fait redouter le pire : le jour de trop, l’escalade ou le dérapage.

Cette situation est désormais jugée préoccupante au plus haut niveau de l’État. Ce jeudi, le Premier ministre Jean Castex s’est entretenu au téléphone avec Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de Corse, pour tenter de ramener le calme. "Nous avons convenu qu'il est urgent de sortir de la logique de tension qui va en s'aggravant", a indiqué Gilles Simeoni dans un communiqué publié jeudi soir.

Cela fait suite à des discussions qui ont commencé il y a deux jours entre la Corse et Paris. Depuis mardi soir, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin - qui a repris le "dossier corse" à la place de Jacqueline Gourault - multiplie lui aussi les échanges avec le président Simeoni.

"Le Premier ministre aura à se prononcer prochainement"

Comme le laissait entendre dès ce mercredi son porte-parole Gabriel Attal, le gouvernement serait sur le point d’annoncer la levée du statut de DPS (détenu particulièrement signalé) de Pierre Alessandri et d’Alain Ferrandi.

"S'agissant de [ces deux] autres détenus, le Premier ministre aura à se prononcer prochainement compte tenu des circonstances présentes", avait indiqué Gabriel Attal après le Conseil des ministres de ce mercredi 9 mars.

Cette demande fait partie des trois points exposés par Gilles Simeoni au Premier ministre et au ministre de l'Intérieur. "Appliquer à Pierre Alessandri et Alain Ferrandi leur droit au rapprochement à travers la levée immédiate du statut de DPS et leur transfèrement à Borgu", écrit le président de l'Exécutif. 

C'est peut-être sur ce sujet-là que les discussions sont le plus compliquées. Car lever le statut de DPS sans dire publiquement que ces prisonniers seront rapprochés de manière certaine (et quand) ne suffirait sans doute pas à ramener le calme dans l'île.

Mardi dernier, Jean Castex avait levé le statut de DPS d’Yvan Colonna. Une décision qui, dans l’île, a été très mal reçue, même au-delà de la famille nationaliste, eu égard à l'état de santé du Cargésien de 61 ans toujours entre la vie et la mort à l'Hôpital Nord de Marseille.

Tribune dans Le Monde

Au cours de son entretien avec Jean Castex, Gilles Simeoni a demandé deux autres engagements (en plus de celui sur le rapprochement des prisonniers) : "faire toute la lumière sur la tentative d'assassinat perpétrée contre Yvan Colonna, notamment en soutenant les initiatives parlementaires garantissant un regard indépendant et impartial sur la genèse et les circonstances des faits" et "ouvrir un cycle nouveau dans les rapports entre l'État et la Corse".

Dans une tribune publiée dans le journal Le Monde ce jeudi, Marie Antoinette-Maupertuis s'adresse au président Emmanuel Macron : "Ne méprisez pas la représentation démocratique de cette île et ne méconnaissez pas son histoire contemporaine, écrit la présidente de l'Assemblée de Corse. Faites sans détour et en toute transparence la lumière sur ce qui s’est passé dans cette prison d’Arles, le 2 mars. Libérez immédiatement Alain Ferrandi et Pierre Alessandri et donnez-vous ainsi la chance d’œuvrer à l’apaisement, de respecter le droit et de ne faire de cette affaire ni un "problème corse" ni un scandale d’Etat".

À moins de 30 jours du premier tour de l’élection présidentielle, le timing remet en quelque sorte la Corse au cœur du jeu médiatique et politique national. Cependant, ce calendrier fera sans doute aussi soupeser à deux fois les décisions à venir du côté du Gouvernement.

Selon le président de l'Exécutif, le Premier ministre lui "a indiqué que la position du Gouvernement et de l'État par rapport à ces trois demandes serait rendue publique rapidement".

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