La Xyllela fastidiosa inquiète les oléiculteurs. Les analyses qu'ils ont commandées auprès d'un laboratoire de recherche, l'Inra d'Angers, sont alarmantes. Même si ces tests ne sont pas officiels, les résultats se sont révélés positifs sur des oliviers, chênes verts et myrte.
Dans une oliveraie de Cavallu Mortu près de Bonifacio, Fabienne entretient près de 550 arbres. Quelques-uns d’entre eux viennent de faire l'objet d'une taille drastique. « L’arbre a perdu énormément de feuilles. Est-ce que c’est à cause de la Xylella ? Est-ce que c’est à cause d’un champignon qu’on a hérité aussi d’outre-mer qui s’appelle Colletotrichum acutatum ? Pour l’instant, on n’en sait rien », explique l’oléicultrice.
Dans cette exploitation, certains arbres sont séculaires et l'idée de les perdre empêche Fabienne de dormir. Surtout qu'à trois kilomètres à vol d'oiseau de son exploitation, le paysage de la vallée Saint-Jean commence à l'inquiéter. « C’est bien pire que ce que j’ai vu il y a un mois. Visiblement ça va très vite, ça meurt, c’est complètement défolié. Et derrière, c’est encore pire.
On est dans un creux de vallée donc il y a de la terre, on n’est pas loin d’une fontaine donc il y a eu de l’eau même pendant les périodes de sécheresse. Il n’y a aucune raison pour que ces arbres soient dans un état pareil », déplore Fabienne.
Feuilles nécrosées
L’oléicultrice a peur que ses végétaux soient infectés par la bactérie Xyllela fastidiosa. Il y a quelques jours, un test de l’Inra d’Anger, un laboratoire de recherche, se sont révélés positifs pour un myrte de la commune de Ventiseri.
Une analyse qui avait été demandée par les oléiculteurs eux-mêmes. « L’extrémité des feuilles est nécrosée, elle se dessèche. En général la partie nécrosée et la partie verte est séparée par un petit liseré. Ça se sont quand même des indications que l’on trouve classiquement dans les cas de Xylella », montre Louis Cesari, oléiculteur à Ghisonaccia et Vice-président du SIDOC.
En plus du myrte, d’autres espèces nichées en plein maquis semblent elles aussi en souffrance. « On a fait les prélèvements sur cet arbre qui est un chêne vert et qui présente des symptômes. On les a envoyés à l’Inra d’Angers qui les a analysés suivant deux méthodes, la méthode de recherche et la méthode officielle. Et cet arbre-là, comme un second dans le massif sont sortis positif à la Xylella », continue Louis Cesari.
Europe
Des résultats pris très au sérieux, au niveau de l’État, par le ministère de l'Agriculture qui utilise une méthode d’analyse agréée par l’Europe et utilisée par l'ANSES (agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail).
Mais qui reste à l’écoute de l’évolution de la recherche sur la Xylella. « Si on peut avoir la certitude que les méthodes du laboratoire de recherches d’Angers sont plus efficaces et meilleures, le ministère de l’Agriculture n’hésitera pas à faire remonter ça au niveau européen pour que ce soit pris en compte au niveau de l’organisation européenne de la protection des plantes », souligne Brigitte Duboeuf, chargée de mission auprès du Préfet de Corse.
Dans le cadre de la mission auprès du ministère de l’Agriculture sur le dépérissement des oliviers et des oléastres, des chercheurs de l’ANSES devraient se rendre en Corse les 17 et 18 avril prochains.