Le médecin allemand Dieter Krombach est à nouveau jugé pour le meurtre de sa belle-fille Kalinka Bamberski. En octobre 2009, le Dr Krombach avait été livré pieds et poings liés à la police française dans une rue de Mulhouse.
L'Allemand Dieter Krombach affirme depuis trente ans être innocent du meurtre de sa belle-fille adolescente, Kalinka Bamberski, morte en 1982, et l'a répété au premier jour de son procès en appel: ces accusations relèvent de l'"invention".
Les jurés de la cour d'assises du Val de marne ont découvert mardi l'ancien médecin de 77 ans, dont l'enlèvement à son domicile allemand pour être livré à la justice française, en 2009, avait fait la une des journaux: un homme à la démarche difficile qui s'avance dans le box appuyé sur une béquille, silhouette mince dans un costume sombre.
Si l'élocution, en français, est toujours un peu traînante, le propos est ferme: "Je n'avais aucune raison de tuer Kalinka, c'est une invention", a déclaré d'entrée de jeu le beau-père de l'adolescente retrouvée morte dans son lit, au matin du 10 juillet 1982.
Elle avait 14 ans, vivait au domicile de Dieter Krombach à Lindau (sud de l'Allemagne) avec sa mère, son jeune frère et les deux enfants de son beau-père, elle était en parfaite santé.
Condamné en octobre 2011 à quinze ans de réclusion par la cour d'assises de Paris pour avoir provoqué sa mort, l'Allemand a fait appel. "Kalinka, une semaine avant sa mort, la pauvre, elle a écrit dans un examen +je m'entends très bien avec le nouveau mari de ma mère+", s'est défendu l'accusé.
"J'avais de très bonnes relations avec Kalinka, je l'aimais pareil, les quatre enfants, je les ai aimés pareil", a-t-il insisté, évoquant sa famille recomposée
de l'époque.
PISTOLET EMOTIONNEL
Ses propos n'ont pas fait réagir André Bamberski, le père de Kalinka, qui reste persuadé que sa fille a été tuée par Krombach après avoir été violée. Leur face à face est l'aboutissement de trente ans d'obstination de cet ancien expert-comptable de 75 ans qui n'a jamais accepté que l'enquête sur la mort de sa fille soit classée sans suite en Allemagne.
La justice française, au contraire, a jugé les charges suffisantes pour juger Dieter Krombach et c'est l'opération musclée d'enlèvement commanditée par André Bamberski qui lui a permis de l'interpeller. Bamberski fait l'objet d'une mise en examen pour cet enlèvement à Mulhouse, la ville où Krombach
a été retrouvé pieds et poings liés, non loin du palais de justice, en octobre 2009.
Ce rapt a de nouveau été au coeur des premiers débats. "Jamais on a été aussi loin dans la violation de la loi pour juger un homme", s'est indigné Me Philippe Ohayon, l'un des avocats de la défense contestant l'existence même d'un procès basé sur un "acte de vengeance".
Avant l'ouverture de l'audience, il s'était inquiété de voir la cour siéger sous la pression d'un "pistolet émotionnel", la douleur de la famille de Kalinka.
Autre grief, l'ancien médecin "innocent d'un côté du Rhin" est "accusé de l'autre côté". La défense souhaite que la cour d'assises saisisse la Cour de justice de l'Union européenne pour trancher ce conflit de compétence.
"Les juges français sont assez grands pour répondre à ces questions qui n'ont pour autre but que de jeter la suspicion sur la procédure française", a rétorqué Me Laurent de Caunes, l'un des conseils du père de Kalinka.
La cour rendra sa décision mercredi sur l'ensemble des points soulevés par les avocats de Dieter Krombach. Les mêmes arguments avaient été rejetés en première instance.
Si ce rejet est confirmé, la cour entamera aussitôt le défilé des témoins jusqu'au verdict attendu le 14 décembre. Le frère de Kalinka et la fille de Dieter Krombach sont attendus à la barre respectivement mercredi et jeudi.