Décrite comme "fragile psychologiquement", la jeune femme de 17 ans a été mise en examen pour "enlèvement et séquestration" et placée en détention provisoire à la maison d'arrêt d'Epinal.
La ravisseuse présumée d'un nouveau-né dans une maternité de Nancy, une apprentie coiffeuse de 17 ans décrite comme "fragile psychologiquement", a été mise en examen pour enlèvement et séquestration puis placée en détention provisoire vendredi 21 décembre 2012.
La jeune femme a été incarcérée à la maison d'arrêt d'Epinal par le juge des libertés et de la détention, conformément aux réquisitions du procureur de Nancy, Thomas Pison, qui avait souligné "le trouble extrême à l'ordre public qu'elle a créé", lors d'une conférence de presse.
La ravisseuse présumée avait été arrêtée mercredi 19 décembre soir à son domicile de Vandoeuvre-lès-Nancy, avec son compagnon. Le bébé, enlevé la veille au soir dans la maternité Adolphe-Pinard de la ville, se trouvait également dans l'appartement, où il a été retrouvé en bonne santé avant d'être rendu à ses parents.
Pour ce crime, la jeune femme encourt une peine de 30 ans de réclusion devant une cour d'assises des mineurs, laquelle pourrait toutefois retenir "l'excuse de minorité", ce qui limiterait la peine maximale à 15 années de réclusion criminelle.
Une jeune femme en grande souffrance psychologique
"Incontestablement, l'institution judiciaire n'a pas été insensible à la grande émotion qu'a provoquée cette affaire", a commenté l'avocat de la jeune femme, Me Claude Richard. "J'avais mis en avant la minorité de la jeune fille. Or, un mineur doit bénéficier d'un régime d'exception, qui privilégie les mesures alternatives à la détention. C'est une fille en grande souffrance psychologique. L'incarcération me paraissait incompatible avec son état mental, mais la proposition alternative n'a pas été retenue par le juge".Qualifiée de "normalement intelligente", la suspecte a été décrite comme "fragile psychologiquement" par le procureur, qui a indiqué qu'un des psychiatres l'ayant expertisée avait relevé une "altération du discernement" lors des faits.
Les faits expliqués par la ravisseuse
Elle a expliqué avoir quitté son domicile vers 19H00, mardi 18 décembre 2012, s'être rendue à la maternité où elle a trouvé une blouse, puis avoir entrepris d'enlever un nouveau-né. Le petit Lucas, alors âgé de deux jours, a été enlevé à 21h30 dans une chambre de la maternité pendant que sa mère dormait.Sur ses motivations, la suspecte a donné pendant près de 48 heures de garde à vue "beaucoup de versions", a relevé le procureur. "Elle a indiqué au tout début qu'elle venait de faire une fausse couche et que face à ce drame elle avait eu une envie d'enfant terrible et c'est comme ça qu'elle s'était rendue à la maternité pour prendre un bébé et le ramener chez elle", a indiqué M. Pison.
Mais des examens médicaux ont montré qu'elle n'avait pas été enceinte récemment.
"Après, elle a expliqué qu'elle avait fait une fausse couche il y a plus longtemps... J'ai l'impression qu'elle s'auto-persuade de son état de grossesse et que quelque part il y a cette envie d'enfant plus forte que tout. C'est peut-être une explication de cet acte qu'elle a commis", a poursuivi M. Pison.
Le procureur a indiqué que la jeune femme avait "abusé tout son entourage, qui l'a crue et n'a pas vu la supercherie, en indiquant qu'elle était enceinte et que le terme de sa grossesse devait intervenir le 18 décembre", jour de l'enlèvement du nourrisson.
La ravisseuse présumée mettait régulièrement des T-shirts pliés sous ses pulls pour donner l'apparence d'une grossesse, et avait acheté du matériel de puériculture.
Ensemble pour fêter la naissance de l'enfant.
"Pendant son enlèvement, l'enfant a été changé et nourri toutes les trois heures", a souligné le magistrat.Le compagnon de la suspecte, un jeune majeur apprenti-boucher avec qui elle vivait depuis plusieurs mois, le frère de celui-ci et sa compagne, également interpellés dans l'appartement mercredi, ont été remis en liberté sans qu'aucune charge soit retenue contre eux.
"On a compris que si ce couple se trouvait au domicile de la suspecte et de son compagnon, c'était précisément pour fêter la naissance du supposé enfant de la jeune femme", a dit le procureur.