Vandières, l'arlésienne des gares TGV

Annoncée par un protocole bancal en décembre 2000, financée vaille que vaille et pas totalement, combattue par les mosellans, la gare de Vandières portée à bout de bras par le socialiste Jean-Pierre Masseret verra-t-elle le jour ? Pas sur... Un peu d'histoire.

La chronologie des évènements


Tout a commencé à Paris le 7 novembre 2000, jour de la signature du financement par les collectivités publiques de la 1ère phase de travaux du TGV-Est, celle qui mettait  Paris à 1h20 de Metz et Nancy.

En échange de ce financement, chacun a voulu un petit quelque chose.
Pour Michel Dinet, président socialiste de la Meurthe et Moselle et Gérard Longuet président UDF de la Lorraine, ce petit quelque chose s'appelle Vandières, une gare où se croiseraient TGV et TER ("d'interconnexion") et qui figure noir sur blanc dans cette convention.
Une gare combattue à l'époque par les grandes villes de la Région, en particulier Metz et Nancy mais également Bar-le-Duc, Epinal et Remiremont dont les représentants politiques n'imaginaient pas une seconde que "leur" ville ne puisse accueillir le TGV.
Question d'égo personnel mais pas seulement. Un TGV direct c'est aussi de l'image de marque pour le voyageur. Dans une région déjà en difficulté économique.
Et la crainte des décideurs était qu'une gare d'interconnexion aurait dispensé le TGV d'emprunter les voies classiques jusqu'aux villes actuellement desservies. Un choix souhaité par la SNCF car un TGV sur voie classique, c'est comme un poids lourd sur une route, ça abime et nécessite plus d'entretien, un entretien à la charge de RFF (réseau ferré de France).
Sans parler de l'insertion des TGV dans un trafic régional déjà bien saturé, sur un sillon mosellan où il est impossible de construire une voie ferrée supplémentaire.

Problème pour les pro-Vandières, une autre gare était déjà programmée à Louvigny, soutenue par le département de la Moselle.
Louvigny, perdue dans la campagne, près de l'aéroport régional et où ne circule que des TGV. Mais une gare qui s'avère avec le temps fonctionner plutôt bien malgré le désaveu de la Cour des Comptes.
Un succès qui n'empêche pas les pro-Vandières de vouloir, au nom de la convention signée en 2000, la création de leur gare. Elle se situerait donc en zone inondable, à l'intersection entre la ligne TER Metz-Nancy et la ligne TGV Paris-Strasbourg.
Et après son élection en 2004 à la présidence du conseil régional de Lorraine, notamment sur ce dossier, le socialiste Jean-Pierre Masseret annonce qu’il prend la maîtrise d’ouvrage de cette gare dans laquelle l’Etat met 30 millions d’€ à titre conservatoire au cas ou la gare de Vandières serait finalement construite.

Pour l'opposant principal, Philippe Leroy, (à l’époque) président du conseil général de la Moselle, "Vandières c'est du gaspillage", il se refuse à participer au financement d’une gare estimée à 110 millions d'€. Une position maintenue par son successeur de Droite Patrick Weiten.

2009, feu vert à l'enquête d'utilité publique​

Fin 2009, l'Etat donne le feu vert à l'enquête d'utilité publique qui permet à chacun d'exprimer sa position puis finalement le Conseil d'Etat tranche en faveur de Vandières.
Thierry Mariani, secrétaire d’Etat chargé des Transports, lors de la séance du 15 février 2011, répond au sénateur des Vosges Christian Poncelot, pro-Vandières : "Monsieur Poncelet(...) s’agissant de la gare de Vandières, vous nous avez signalé que vous attendiez la décision du Conseil d’État depuis un an. Tout finit par arriver, puisqu’il vient de rendre un avis favorable. (Applaudissements sur diverses travées de l’UMP et du groupe socialiste.) Cette notification doit intervenir de manière officielle prochainement. Je sais également que c’est un projet qui est financé à 80 % par la région. Donc, plus rien ne s’oppose au lancement des travaux."

2011, le Conseil d'Etat approuve Vandières mais ne motive pas son arrêt et ne dit rien de Louvigny

C'est une situation unique en Droit français. Un arrêt sans motivation (explications). Dans son décret autorisant les travaux nécessaires à la création de la gare de Vandières, le Conseil d'Etat -qui a pourtant mis 18 mois à le rédiger- ne motive sa décision à aucun moment. Il ne dit rien non plus sur l'avenir de l'actuelle gare "Lorraine TGV" implantée à Louvigny (57).

Rien ne bouge après les cantonales

Les élections cantonales des 20 et 27 mars 2011 n'ont pas fait bouger les lignes : à peine élus à la tête de leur département, le pro-Vandières socialiste meurthe-et-mosellan Michel Dinet l'a déclaré "dossier prioritaire" et l'anti-Vandières DVD mosellan Patrick Weiten refuse de la financer comme son prédécesseur Philippe Leroy. Une attitude dénoncée par le PS qui parle d'un "refus de la solidarité régionale" et d'un "repli identitaire".

Quelques semaines seulement après le feu vert du Conseil d'Etat, la ministre des Transports Nathalie Kosciusko-Morizet et son secrétaire d'Etat Thierry Mariani signent le décret "déclarant d’utilité publique et urgents les travaux de construction d’une ligne nouvelle de chemin de fer à grande vitesse dite «TGV Est européen» entre Paris et Strasbourg, de création des gares nouvelles et d’aménagement des installations terminales de ladite ligne".
Le décret paraît le mardi 29 mars 2011, deux jours après le second tour des cantonales. Satisfaction des "pro"-Vandières, colère des "anti".

Mais la question reste posée : quel avenir pour l'actuelle gare Lorraine-TGV de Louvigny toujours soutenue par le conseil général de la Moselle ?
Louvigny devrait devenir une "gare fret express dotée d’une connexion directe à l’aéroport Metz-Nancy-Lorraine " précise en mars 2011 un communiqué du CRL.

Un discours tenu depuis plusieurs mois par les pro-Vandières. Or cette fonction de "gare fret express" pour "du petit fret" (pas des wagons avec conteneurs) est tout à fait hypothétique, ce que rappelle en 2013 la Cour des Comptes.
Quand à la connexion directe avec l'aéroport Metz-Nancy-Lorraine, elle n'existe que par la route départementale. Il faudrait donc vider des wagons de fret avec un dénivelé de plus de 8 mètres, charger les paquets dans des camions qui feraient les 5 km jusqu'au tarmac pour les transférer ensuite par avion...
"Ridicule"  selon les mots mêmes de responsables SNCF.

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Et depuis, rien ne bouge.​

Les travaux devraient avoir débuté courant 2011. Mais rien n’a bougé.
Problème de financement : le tour de table n’est toujours pas bouclé début 2013, ce que rappelle la Cour des Comptes en 2013.

Alors s’agit-il de jouer la montre ? Discrètement ? Pour ne pas être accusé de ne pas tenir ses promesses ?
Jusqu’aux régionales de 2014 (ou 2015)… A l’occasion desquelles la donne politique pourrait être bouleversée par l’arrivée des nouveaux « conseillers territoriaux » qui remplaceront les actuels conseillers généraux et régionaux.
C’est ce que certains mettent au crédit de Jean-Pierre Masseret.


Les pro et les anti-Vandières
Les anti-Vandières :
  • Certains élus mosellans du conseil régional de Lorraine
  • Le conseil général de la Moselle
  • La Ville de Metz (en 2013)
  • Le 26 mai 2011, Fabrice Genter, vice-président de la CCI de la Moselle, déclarait "100 Millions d'euros c'est disproportionné, cet argent serait mieux utilisé sur des filières de type éco-matériaux, eau, bois et sur les infrastructures régionales !"
Les pro-Vandières :
  • La ville de Nancy
  • Une majorité des élus du conseil régional de Lorraine,
  • Les conseils généraux de la Meuse, de la Meurthe-et-Moselle et des Vosges
  • L’association FNAUT des usagers
  • Le conseil économique et social de Lorraine et son président Roger Cayzelle
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