Le week-end dernier et lundi surtout, les déguisements et costumes étaient dans les rues, dans les cortèges, dans les bals en Allemagne. Le déguisement, on le pense, on le crée, on le fabrique souvent de ses propres mains, en visant la perfection.
En Allemagne, carnaval est étroitement associé au déguisement. Des costumes qui se réfèrent, dans le sud du pays, aux traditions païennes, alors que dans les régions rhénanes, ils font allusion aux uniformes des troupes napoléoniennes qui occupaient le pays au début du 19ème siècle. Des costumes et des masques qui permettent une critique de l'ordre et des puissants, un défoulement une fois l'an, au moment du carnaval.
Au siècle dernier, c'est une vraie "culture" du déguisement qui s'est développée en Allemagne. Le costume doit être beau, proche de son modèle original, les accessoires sont importants, le maquillage soigné. Une culture toujours vivante, entretenue lors d'ateliers de fabrication de costumes organisés par les universités populaires ou par des professionnels de la couture, des magazines féminins éditent des patrons de costumes, les boutiques proposent des tissus et accessoires.
A Bühl près de Baden- Baden, Tanja Herrbrich et son mari sont les gardiens de la tradition du costume cousu main. Dans leur boutique, tissus chatoyants, pailletés, en velours ou à motifs côtoient boutons dorés, galons colorés ou fils multicolores. Ce jour là, Brigitte, Karin, Conny et leurs filles s'étaient données rendez-vous pour décider de la tenue qu'elles allaient porter pour le grand bal des sorcières de Bühlertal, l'un des bals de carnaval réputé pour la qualité des déguisements qu'on peut y voir.
"Nous sortons ensemble à carnaval depuis des années, et tous les ans, nous choisissons un costume qui nous plait à toutes ", raconte Brigitte. Son amie Conny renchérit: " Nous avons décidé cette année de porter des robes inspirées des années 20, tissus à paillettes, velours ou dentelles. Tanja, qui est une amie, va nous aider à réaliser les robes !". " Le patron est assez simple", explique Tanja, " les tenues devraient être prêtes ce soir. Les filles savent coudre, et elles aiment cela; quand on coud, on se fait du bien à soi-même, c'est un plaisir, et de plus en plus de jeunes femmes s'y mettent aujourd'hui ".
des costumes cousus main
Tanja Herrbrich propose tous les ans des ateliers couture, assistée par une couturière, Frau Schneider. Elle-même membre de l'association carnavalesque alémanique de Bühl, elle assure la confection des costumes traditionnels de sorcière et propose aux particuliers un service de fabrication de déguisements: pirates, clowns, bohémiens, animaux ou tenues sorties tout droit des 1001 nuits, tout est possible ici.
Des costumes que l'on peut admirer lors du bal de carnaval de l'association carnavalesque de Bühlertal. On y croise un grand chef indien impressionnant, une coccinelle ou des stars du rock des années 70, guitares gonflables sur le dos et maquillage de scène noir et blanc. Le temps d'une soirée, on se glisse dans la peau d'un personnage de fantaisie.
Les six amies déguisées en vamp des années 20 sont là aussi, Mistinguett de la tête aux pieds, fières de leurs costumes. "Nous avons fait les dernières retouches juste avant de venir, mais là, tout est parfait", s'exclame Karin. Son mari, en tout cas, la trouve très jolie: " tous les ans à carnaval, je redécouvre ma femme, sous un nouveau déguisement !" Parce qu'évidemment, il est hors de question de porter deux fois le même costume !