C'était le 29 janvier 2013. La maman de Mayeul se présente à l'hôpital à 10h. Infirmière, elle connaît l'état de santé de son enfant, surtout depuis une opération difficile aux intestins subie par le nourrisson quelques jours après sa naissance.
Ce jour là, elle redoute une occlusion intestinale.
Car les symptômes présentés par Mayeul ce jour là sont exactement ceux décrits par les médecins qui avaient procédé à l'opération. Le risque saute donc aux yeux de la maman, qui s'efforce de l'expliquer à l'équipe du service pédiatrique dès son arrivée.
Par ailleurs, il y a le carnet de santé, bien renseigné lui aussi, qui accompagne l'enfant.
Sur sa page Facebook, la maman de Mayeul raconte le déroulé de cette journée :
- "A 10h00, Mayeul et moi, sa maman, sommes à l’hôpital Robert Pax de Sarreguemines. Mayeul est pris en charge aux urgences pédiatriques par un pédiatre et une infirmière. Les antécédents chirurgicaux sont annoncés, et mon inquiétude également.
Mayeul a perdu du poids, il est apathique, ne trouve plus le sommeil, il gémit. L'infirmière confie qu'elle trouve ce petit mal en point et qu'il sera probablement gardé.
En effet, après l’auscultation et quelques tentatives de réhydratation, le pédiatre annonce que Mayeul sera transféré en pédiatrie".
- "A midi, notre bébé est dans sa chambre, une échographie et une radiographie sont prescrites pour écarter les risques encourus par Mayeul suite à l'opération de ses intestins. Toutefois, les examens ne sont pas réalisés immédiatement car le diagnostic de gastro-entérite est évoqué. Il a une perfusion au niveau de la tête. Personne ne parle de douleur.
Rien ne se passe jusqu'à la relève du poste d'après- midi. Nous nous relayons au chevet de notre petit".
- "Moi, et son papa, étions inquiets. Mon fils était immobile, le regard figé vers le plafond. Il ne m'a même pas regardé. Je trouvais qu'il avait froid. De façon totalement inhabituelle, il ne trouvait pas le repos. Je confie mes peurs à la personne présente alors dans la chambre. Je lui reparle une nouvelle fois de ses antécédents, mais les examens ne sont toujours pas réalisés. Il est 15h00".
- "Après 16h, le diagnostic de gastro reste posé. Il est reconfirmé plus tard par le pédiatre et rappelé par l’infirmière suite aux résultats du bilan sanguin".
- Ce n'est que tard en soirée, qu'une nouvelle pédiatre arrive au chevet de Mayeul. Elle se présente, remarque que ce petit « ne va pas bien du tout ».
Elle décide de rappeler le médecin de garde ainsi que le radiologue de garde pour réaliser enfin les examens prescrits 10h plus tôt.
L'aberration est totale. La consternation est grande. Le verdict est sans appel : Mayeul présente une occlusion haute.
Il faut l'opérer de toute urgence.
Suite à l'officialisation du diagnostic, tout est mis en oeuvre pour remédier à l'état de l'enfant. La maman raconte que "les douleurs sont enfin prises en charge. Mayeul reçoit de la morphine au bout de 14h d'hospitalisation et d'atroces souffrances".
Il est prévu que l'enfant soit transféré à Nancy pour y être réopéré. Mais ce transfert s'avère impossible.
La mère poursuit son récit : "l’inévitable se produit : l'occlusion cède. Mayeul fait un choc septique. Il revient à la vie par miracle, après un premier arrêt cardiaque de 28 minutes, mais le travail acharné des équipes ne suffira pas : le second arrêt lui sera fatal.
Il ne pourra jamais être transféré à Nancy. Il est mort le 30 janvier, à 4h21, dans l'ambulance à Sarreguemines".
Nous avons bien sûr souhaité recueillir la version de l'hôpital concernant cette tragique journée... Avoir confirmation, et comprendre pourquoi (si tel est bien le cas) les examens, pourtant prescrits, n'ont pas été réalisés avant l'arrivée de l'équipe de nuit. Pourquoi le médecin de jour n'a t'il pas davantage pris en compte les éléments transmis par les parents, ainsi que ceux figurant dans le carnet de santé de Mayeul ?
Dans un premier temps, le directeur de l'établissement était d'accord pour nous rencontrer, en compagnie d'un médecin du service pédiatrique. Ils ont finalement décidé de renoncer à ce rendez vous.
L'affaire est à présent entre les mains du parquet de Sarreguemines, qui a diligenté une enquête préliminaire suite à la plainte contre X déposée par les parents de Mayeul.