Hans et Sophie Scholl ont grandit à Ulm, dans le Bade Wurtemberg actuel. Une ville qui a vu se former leur conscience politique.
Ils ont résisté au nazisme par leurs mots et leur courage : Hans et Sophie Scholl l'ont payé de leur vie, à une époque où la terreur politique régnait en Allemagne. Il y a 70 ans, le 18 février 1943, ils étaient arrêtés à Munich où ils faisaient leurs études. Quatre jours plus tard, ils étaient exécutés." Vive la liberté ", ce sont les derniers mots de Hans Scholl avant de mourir. Avec sa sœur Sophie et ses amis Willi Graf, Christoph Probst et Alexander Schmorell, ainsi que le professeur d'université Kurt Huber, Scholl avait crée le groupe clandestin de résistance "La Rose Blanche". Distribution de tracts, slogans peint sur les murs de la ville, appels à la résistance : le groupe, fondé en juin 1942, refuse le totalitarisme et la guerre. C'est après la bataille de Stalingrad, désastreuse pour les troupes allemandes, que la Rose Blanche intensifie et étend son action.
Une gifle pour le régime nazi
Ces jeunes ont grandi dans un système totalitaire et ils ont connu l'endoctrinement dans les jeunesses hitlériennes ; Hans et Sophie Scholl en étaient même animateurs, à Ulm, leur ville d'origine – fascinés par la vie en groupe, la puissance qui émanait des défilés en rang serrés, les drapeaux, les roulements de tambour. Devenus étudiants, ils réfutent peu à peu les idéaux autoritaires d'obéissance aveugle, incompatibles avec la conscience morale de l'homme : pour les membres de la Rose Blanche, l'individu ne saurait être sacrifié au nom du groupe.
Le régime se doit de réagir : la Rose Blanche tombe le 18 février 1943, quand Hans et Sophie Scholl sont dénoncés par le concierge de l'université après une action de distribution de tracts. Ils ont 24 et 21 ans. Leurs amis Christoph Probst, Willy Graf, Alexander Schmorell et le professeur Kurt Huber sont eux aussi arrêtés.
Haute trahison et condamnation à mort
Un procès, expéditif, est mené par le président du tribunal populaire Roland Freissler, venu tout exprès de Berlin. La condamnation à mort sous les chefs de " haute trahison et intelligence avec l'ennemi, incitation à la haute trahison, atteinte à l'effort de guerre " est prononcée le 22 février, et le jour même, Hans et Sophie Scholl ainsi que leur camarade Christoph Probst sont exécutés. 16 membres du réseau vont ainsi payer de leur vie l'appel à la résistance au totalitarisme: " Prouvez par l'action que vous pensez autrement ! Déchirez le manteau d'indifférence dont vous avez recouvert votre cœur ! Décidez-vous avant qu'il ne soit trop tard… " (cinquième tract de la Rose Blanche, hiver 42 – 43).
A Ulm, la famille de Hans et de Sophie est arrêtée et emprisonnée. " A sa libération, elle est isolée, condamnée par l'opinion publique pour ses enfants, qui ont " trahi " la communauté ! ", explique l'historienne Nicola Wenger, " et en 1944, la famille Scholl quitte Ulm pour Munich ".
Ne pas oublier Hans, Sophie et leurs camarades, ne pas oublier ce pourquoi ils se sont sacrifiés : c'était l'objectif de Inge Scholl, la grande sœur de Hans et de Sophie. Dès 1946, avec l'aide des américains qui occupent Ulm, elle fonde une Université Populaire qui a pour mission de donner les clés pour comprendre, de lutter contre la démagogie et le populisme. Andreas Loercher est chargé de cours à l'Université Populaire de Ulm, c'est lui qui accueille les visiteurs de l'exposition dans le foyer de l'institution, dédiée aux résistances au régime nazi. " Lorsque des jeunes viennent nous voir, je leur parle de la fascination que ce régime a exercé sur les jeunes d' alors… Et je leur explique aussi comment d'autres jeunes ont voulu dire non au totalitarisme. C'est un message qu'ils entendent, même s'ils ont un regard très réaliste sur les dangers de la résistance à un système fort. Le courage de l'individu face au groupe, c'est quelque chose qui les intéresse ".
Des héros actuels
Résister et risquer sa vie pour la liberté, c'est le sujet de la pièce de théâtre " Allen Gewalten zum trotz ", montée par le groupe de théâtre du lycée Humboldt de Ulm. Depuis octobre 2012, des lycéens se glissent dans la peau de Hans, de Sophie et de leurs camarades… Une pièce inspirée du film " Sophie Scholl, les derniers jours ", réalisé en 2005 par Marc Rothemund, et que les jeunes présentent au public pour le 70ème anniversaire de l'arrestation de Hans et de Sophie.
Félix, qui joue Hans, a 18 ans; Antonia, Sophie dans la pièce, en a 17. " Hans était un garçon calme, il aimait lire, il était réfléchi, je pense", dit Félix." Au travers de ce rôle, j'ai compris que la lutte pour la liberté, comme elle a lieu actuellement au Moyen Orient, est essentielle. Hans a changé ma vision des choses, certainement ! ". Antonia est elle aussi impressionnée par son personnage: "Sophie, c'était une jeune fille extrêmement active, qui refusait l'obéissance aveugle et la soumission à la force; elle me rappelle que moi, je suis libre, et que je dois chérir cette liberté."
Bibliographie
- Inge Scholl, La Rose blanche, éditions de Minuit, Paris, 1955-2006
- Inge Scholl : La Rose Blanche, six allemands contre le nazisme, collection double Minuit 2008
- Didier Chauvet, Sophie Scholl, une résistante allemande face au nazisme, L'Harmattan, 2004
- Inge Jens, Hans et Sophie Scholl, Lettres et Carnets, Paris, Tallandier, 2008,
- Jean-Claude Mourlevat, Sophie Scholl : "Non à la lâcheté", Actes Sud Junior, Coll. "Ceux qui ont dit non"
- Hans et Sophie Scholl, Lettres et carnets, Le livre de poche 2010
Filmographie
- ROTHEMUND M., "Sophie Scholl : les derniers jours", 2005.
Liens
- La fondation de la Rose Blanche à Munich: http://www.weisse-rose-stiftung.de/
- L'université Populaire de Ulm: http://www.vh-ulm.de/cms/
- Le centre de documentation du camp de concentration du Kuhberg à Ulm: http://dzokulm.telebus.de/index1.html
- Le site de la ville de Ulm: http://www.ulm.de/kultur_tourismus/stadtgeschichte/geschwister_scholl.4349.3076,3963,4236,3968,4349.htm