Hier soir, le cardinal Jose Maria Bergoglio a été élu 266ème pape. Le choix d'un jésuite argentin apparaît comme une bonne surprise, laissant présager des changements dans l'Eglise.
Reportage de Régine Wilhelm, Nadine Ly, Marei-Noëlle Grimaldi et Denis Becker. Interviews : Mgr Joseph Grallet, archevêque de Strasbourg - Chanoine Bernard Eckert
L’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine (UEPAL) se réjouit
"Dans un monde marqué par l’avancée de la sécularisation et la montée d’intégrismes et fanatismes de toute sorte, l’élection d’un Pape venu du « Sud » et dont le nom et les engagements se réfèrent au Poverello d’Assise, est un symbole et signe d’espoirs profonds", précise dans un communiqué Jean-François Collange, président de l'UEPAL.
"L’UEPAL salue le nouveau visage offert à l’assemblée de la Chrétienté. Elle souhaite que les perspectives ouvertes soient aussi l’occasion d’un approfondissement de la fraternité œcuménique.
L’UEPAL forme le vœu que sur le plan local l’œcuménisme vécu quotidiennement se renforce encore, et invite tous les fidèles du protestantisme alsacien-mosellan à s’unir dans la prière avec nos sœurs et frères de l’Église catholique romaine pour que l’Esprit Saint inspire l’action du nouveau Pape."
Le pape François est allé prier la Vierge ce jeudi matin dans une basilique romaine et devait célébrer la messe avec les cardinaux dans la Chapelle Sixtine. A demain, à bientôt ? Bonne nuit et bon repos", avait conclu mercredi soir de la loggia des bénédictions celui qui est aussi devenu le nouvel évêque de Rome.
Le pape a dormi dans la suite 201 de la résidence Sainte-Marthe où sont logés tous les cardinaux électeurs pendant le conclave au Vatican: le nouvel élu, qui n'a aucun goût de luxe, a pu profiter d'un appartement particulièrement confortable munis de trois pièces: un bureau, un salon et une chambre.
Le premier déplacement en dehors du petit Etat s'est fait peu après 08H00 (07H00 GMT) discrètement, de manière privée. Il s'est rendu devant l'autel de la Vierge de la basilique Sainte-Marie-Majeure, pour lui confier son nouveau pontificat.
Il avait parlé mercredi soir, dans son bref discours improvisé, de "l'évangélisation" de Rome, comme pour dire que même le coeur de la chrétienté avait besoin d'une "nouvelle évangélisation".
Le seul autre rendez-vous connu de sa première journée de pape est une messe avec ses 114 "frères" cardinaux qui l'ont élu pape en l'espace de cinq scrutins, dans l'un des conclaves les plus rapides de l'histoire. Il les retrouvera sous les voûtes peintes par Michel-Ange qui évoquent la création du monde et le jugement dernier.
François doit aussi rendre visite au pape émérite Benoît XVI, retiré dans la résidence pontificale de Castel Gandolfo au sud de Rome. La date de cette visite au prédécesseur dont il a commencé par saluer l'action n'a pas été révélée.
Le nouveau pape a déjà un agenda assez chargé pour les jours suivants.
- Vendredi matin, il recevra l'ensemble du collège cardinalice dans la magnifique Salle Clémentine.
- Samedi, il rencontrera, comme Benoît XVI l'avait fait, les journalistes et les responsables de la communication.
- Dimanche, il récitera le traditionnel Angélus depuis l'appartement papal.
- La messe d'installation du pontificat --où sont attendus des chefs d'Etat et de gouvernement-- aura lieu mardi, jour de la Saint Joseph, patron de l'Eglise dans la basilique Saint-Pierre. Benoît XVI n'y assistera pas, fidèle à sa volonté de se retirer complètement.
L'enthousiasme et l'émotion sur une place saint-Pierre pleine de monde ont été portées à leur comble en quelques instants, grâce à une attitude simple et des premiers gestes plein de symboles.
L'enthousiasme s'est répercuté aussi en Amérique latine, à la hauteur de ce moment historique pour l'Eglise, qui a élu le premier pape du continent
américain, le premier pontife jésuite, le premier à choisir le nom de François. Du nom d'un des saints les plus populaires du christianisme, Saint-François, le "poverello" d'Assise, l'homme qui, en plein treizième siècle, avait voulu réformer l'Eglise par la simplicité et la pauvreté.
"Les premiers gestes et paroles de Jose Maria Bergoglio devenu pape sont déjà un programme", a souligné la responsable du service français de Radio
Vatican, Romilda Ferrauto. Les cardinaux, a-t-elle noté, ont élu "un homme connu pour sa simplicité", "loin des luttes de pouvoir", un homme qui souhaite "un retour aux origines" de l'Eglise.
Dans son apparition, il a rappelé un peu l'humour de Jean Paul II avec sa boutade - "On dirait que mes frères cardinaux sont allés prendre l'évêque de Rome presque au bout du monde"- et la bonhomie et l'humilité de Jean XXIII, y compris dans la tonalité de sa voix, quand il a dit "bonne nuit".
Un geste surtout a été retenu, qui restera dans l'histoire: "Je veux vous demander une faveur, avant de vous donner ma bénédiction, je vous demande votre prière, qui est la bénédiction du peuple pour son évêque". Et il s'est incliné, alors que la foule priait dans un silence étonnant.
De même il est apparu sans étole, ne l'a mise sur ses épaules que pour la bénédiction, l'a enlevée à nouveau à la fin.
Selon le vaticaniste de l'agence spécialisée sur le Vatican I.Media, Antoine-Marie Izoard, le cardinal Bergoglio avait refusé son élection en 2005. "Ce qu'il s'est passé, ça on le sait avec quasi certitude (....) Le cardinal Bergoglio aurait pleuré il y a 8 ans quand il a vu que les voix montaient et qu'il pourrait être élu pape pour remplacer Jean Paul II. Il avait trouvé la charge trop lourde, et dit: non, laissez la main à Ratzinger, moi je ne peux pas, je ne le sens pas. On sent bien là le pauvre, le jésuite, le religieux dans sa grande humilité comme on l'a vu ce soir".