Après la condamnation de la France par la Cour européenne de Justice (CEJ) concernant la limitation des achats de tabac à l'étranger, les buralistes sont inquiets, car cette décision vient s'ajouter à la hausse annoncée des tarifs à l'été.
"Avec une telle décision et l'augmentation de tarifs annoncée pour juillet, c'est la guillotine pour nous", a déclaré à l'AFP Thierry Lefebvre, président de la chambre syndicale des buralistes du Haut-Rhin.
"Nous sommes plus qu'inquiets, ici, en bordure de frontière nous sommes directement sous le feu" a-t-il précisé. Déjà "aujourd'hui, en Alsace, on tourne à 50-60% de tabac consommé provenant d'achats à l'étranger".
La Cour, qui était appelée à se prononcer sur une plainte de la Commission européenne qui reprochait à la France de limiter les achats de tabac à l'étranger à cinq cartouches (dix dans certains cas), a estimé que l'Hexagone contrevenait aux règles européennes en la matière.
Le gouvernement français avait anticipé la décision de la CEJ en annonçant la semaine dernière qu'il allait revoir --mais pas supprimer-- les limites d'achat
de tabac à l'étranger.
"On attend de voir ce que Jérôme Cahuzac, notre ministre de tutelle, va proposer comme limite, mais de toute manière on ne se fait pas d'illusion, jamais ils ne pourront vérifier que les achats se font vraiment pour de la consommation personnelle", a estimé M. Lefebvre.
Les achats légaux à l'étranger et les achats illégaux via internet ou sous le manteau représentent 20% de la consommation de tabac en France, selon les Douanes.
Ce mode d'achat représente un manque à gagner fiscal d'environ 2,5 milliards d'euros par an.
Depuis 10 ans, près d'un tiers des buralistes d'Alsace ont mis la clé sous la porte, selon M. Lefebvre.