Bâle Ville, Bâle Campagne, deux cantons limitrophes, tellement proches, mais différents aussi : les cantons ont chacun leur constitution, leurs règles, leurs lois, qui séparent de fait les habitants du Grand Bâle.
Aménagement du territoire, éducation ou transports en commun, autant de domaines de compétence des cantons qui peuvent compliquer un déménagement ou la scolarisation d'un enfant.
Ils sont pour une fusion des cantons...
" C'est ridicule, aujourd'hui, alors que les citadins vivent à la campagne, ou que les campagnards travaillent en ville", explique Klaus Kirchmayr, conseiller cantonal de Bâle Campagne. Kirchmayr est l'un des initiateurs du projet de fusion des deux cantons bâlois : mutualiser les moyens et les budgets, créer des synergies entre infrastructures, réaliser des économies en travaillant ensemble, tout cela au travers d'une structure commune, un seul canton. C'est une idée récurrente depuis plusieurs décennies, que Klaus Kirchmayr et ses amis de l'association "Ein Basel" ( un Bâle ) ont reprise au printemps 2012. Pour palier les problèmes budgétaires du canton de Bâle Ville, pour permettre aux habitants de Bâle Campagne de jouir pleinement des infrastructures de la ville, mieux vaut s'unir, c'est leur conviction. " Nous faisons tout ensemble, les syndicats, les associations, la chambre du commerce et de l'industrie, tous ont déjà accompli leur fusion - sauf l'administration et la politique ! Et puis ces deux cantons sont un anachronisme dans un contexte mondialisé. Nous devrions nous unir pour concurrencer les gros centres d'affaire que sont Munich ou Boston, plutôt que de camper sur nos frontières ! ". Klaus Kirchmayr plaide ainsi pour un alignement de l'administration sur la réalité des habitants d'un espace géographique sans frontières, de citoyens qui auraient une identité commune.
un grand canton du Nord Ouest de la Suisse
D'autres sont contre !De cela, il ne veut pas en entendre parler: Oskar Kämpfer est lui aussi conseiller cantonal de Bâle - Campagne, et depuis cet automne, il est à la tête du comité " Non à la fusion". Son argument principal pour s'opposer à cette idée: la Suisse et sa démocratie de proximité sont incompatibles avec la création de centres de décision dans des territoires plus grands. " Nous avons l'habitude de petites structures administratives et politiques, nous sommes proches des décideurs, et leur éloignement dans une capitale régionale pourrait minorer l'importance de la volonté du peuple et la responsabilisation de nos dirigeants ".
S'ajoute à cela l'histoire, douloureuse pour le canton de Bâle Campagne, né d'un affrontement sanglant entre un corps expéditionnaire de la ville contre les habitants de la campagne : le 3 août 1833, les citadins perdaient la bataille de la Hüftenschanze, les campagnards gagnaient un canton autonome… Mais depuis, l'idée de fusion ressurgit régulièrement.
La rue en parle aussi
"Et tout le monde en parle, le débat suscite des émotions, des opinions divergentes, même si personne, au fond, n'en connait réellement les conséquences !", raconte Willy Surbeck, le rédacteur en chef de la télévision locale Télé Basel. " Des conseiller du canton de Bâle Campagne ont demandé une simulation scientifique de cette fusion, pour se faire une idée. Le résultat est très attendu, croyez-moi !"
A Bâle, la rue s'est emparée du sujet : la fusion était le thème 2013 du célèbre carnaval, les armoiries rouges du canton campagnard et noires de celui de la ville étaient sur de nombreuses lanternes lors du Morgenstraich. " Zu Dir oder zu Mir", chez toi ou chez moi? La question reste en suspens jusqu'au référendum qui permettra aux citoyens des deux cantons de se prononcer pour ou contre l'idée de fusion. Puis un comité élu rédigera un projet détaillé, qui sera lui aussi soumis au peuple. Et ensuite seulement, le mariage des deux cantons pourra être prononcé…
D'autres vont encore plus loin, et rêvent d'un grand canton du Nord Ouest de la Suisse, englobant les deux Bâle, Soleure et l'Aargovie : un jour, peut - être!