Une demande de fermeture immédiate de la centrale nucléaire de Fessenheim a été rejetée jeudi par la Cour administrative d'appel de Nancy. Cette requête était soutenue par l'Association trinationale de protection nucléaire (ATPN), pointant des carences de sécurité.
Cette association, qui représente des particuliers, des associations écologistes et des communes suisses, allemandes et françaises, avait saisi en décembre 2008 la justice administrative après le rejet par le ministère de l'Ecologie de sa demande d'arrêt immédiat et définitif de l'installation. En première instance, le tribunal administratif de Strasbourg avait déjà débouté l'association écologiste. Lors de l'audience devant la Cour administrative d'appel, le 18 avril, le rapporteur public avait également conclu au rejet de la requête.
Il avait souligné que "l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) disposait de pouvoirs importants pour contrôler et intervenir rapidement" sur la centrale.
"La mise à l'arrêt d'une centrale nucléaire nécessite non seulement que des risques graves soient avérés, mais en plus, qu'aucune disposition prise par l'ASN soit envisageable", avait-il ajouté. Le rapporteur, rejetant le "risque zéro", avait aussi souligné que la sécurité avait été renforcée après l'accident japonais de Fukushima.
L'avocate de l'ATPN, l'ancienne ministre de l'Environnement Corinne Lepage, a déploré auprès de l'AFP cette décision de rejet, et s'est dite "navrée de la pauvreté des conclusions du rapporteur public". "J'attends plus de la part du Conseil d'Etat, saisi quasiment du même dossier, et qui doit statuer avant l'été sur ce problème", a-t-elle ajouté. Lors de l'audience, elle avait affirmé qu'on "ne pourrait plus construire aujourd'hui Fessenheim, au vu des risques sismiques et d'inondations", en décrivant une "centrale vétuste, aux problèmes récurrents".
Mise en service en 1977, cette centrale est la doyenne des installations nucléaires françaises en activité. Selon EDF, elle produit "70% de la consommation d'électricité d'une région comme l'Alsace". Le président François Hollande s'est engagé à la fermer avant la fin de son quinquennat, au grand dam des salariés du site et de nombreux élus locaux, qui la disent sûre et rentable.