Les Suisses ont voté massivement dimanche en faveur du durcissement de la loi sur l'asile, entrée en vigueur à l'automne dernier et contestée par la gauche et les Eglises.
Ces mesures ont été approuvées par 79% des Suisses, selon une compilation des résultats des cantons du pays, établie par les médias suisses lors de ce dimanche de votations, l'un des quatre dans l'année où les Suisses se rendent aux urnes, conformément à leur système politique de démocratie directe, pour voter sur des sujets d'ordre fédéral, cantonal ou communal.
Ce weekend, deux questions avaient été posées aux électeurs au niveau fédéral : l'approbation ou non de la loi sur le durcissement de l'asile, et l'élection éventuelle des membres du gouvernement par le peuple, et non plus par le Parlement.
Le gouvernement reste élu par le parlement
Concernant l'élection du gouvernement par le peuple, et non pas par le Parlement, la réforme proposée a été refusée à plus 76% des votants.
Le référendum sur la révision de la loi sur l'asile avait été demandé par un comité réunissant les opposants à la loi, et appelé "Stop exclusion".
Un résultat alarmant pour la défense des droits fondamentaux
Dès l'annonce des résultats, le comité "Stop exclusion" a dénoncé ce "résultat alarmant pour la défense des droits fondamentaux" et regrette "les conséquences néfastes et dans certains cas funestes, qu'il aura pour les demandeurs d'asile et les réfugiés".
"Tant qu'il y aura des conflits et des crises, et que la Suisse sera l'un des pays les plus sûrs et les plus riches au monde, nous aurons à parler d'asile", a encore averti "Stop exclusion", qui n'entend pas baisser les bras.
De son côté, la députée PDC (centre), Anne Seydoux-Christie, a indiqué que ce résultat illustre "un affaiblissement de notre tradition humanitaire, et montre un manque de solidarité envers ce qui se passe dans des pays en crise".
Pour sa part, Céline Amaudruz, députée UDC (droite populiste), a salué le résultat du référendum, assurant que 9 personnes sur 10 demandant l'asile en Suisse, le font pour "des raisons économiques".
Pour Isabelle Moret, députée PLR (Parti Libéral), qui a soutenu le renforcement des mesures, les requérants d'asile qui viennent en Suisse pour des motifs économiques
et non politiques, auront ainsi un "signal clair". Ils sauront qu'ils ne peuvent plus "venir pendant une période de 4 ans en Suisse", la durée moyenne actuelle pour l'examen d'un dossier, et être pris en charge pendant cette période, avant d'être renvoyés.
La députée socialiste Cesla Amarelle, qui a mené le combat contre ces mesures, s'est déclarée surprise. "L'ampleur du 'oui' à ces mesures est impressionnante, on s'attendait à perdre", mais pas avec un tel score, a déclaré la députée.
La révision de la loi a pour but de raccourcir le délai de traitement des dossiers à quelques mois, au lieu de quelques années actuellement, en raison de la multitude des recours possibles.
Actuellement, quelque 48.000 personnes sont dans la procédure d'asile en Suisse. Ce nombre tient compte des 28.631 nouveaux arrivants en 2012, un chiffre record depuis 1999. Seuls 11,7% des requérants ont décroché l'asile en 2012, après des années d'attente.
La Suisse accueille aujourd'hui proportionnellement 4 à 5 fois plus de réfugiés
que la France, l'Allemagne ou l'Italie.