Une photo du petit Grégory Villemin, retrouvé assassiné en 1984 dans les Vosges, a été utilisée par un graphiste ignorant pour illustrer une publicité publiée dans le journal quotidien du Festival de Jazz de Montreux.
"C'est une erreur regrettable, dont on mesure la gravité", a déclaré mardi à l'AFP un porte-parole du festival, qui se déroule actuellement sur les rives du lac Léman. Christine et Jean-Marie Villemin, les parents de Grégory, se sont dit "scandalisés", par la voix de leur avocat Me Thierry Moser.
"J'invite les organisateurs du Festival à m'adresser immédiatement une lettre d'excuses en bonne et due forme", a déclaré Me Moser dans un communiqué.
"Si la lettre d'excuses arrive très rapidement, et si l'hypothèse de l'erreur de bonne foi est confirmée, ce que je veux croire, les époux Villemin renoncent naturellement, en principe, à engager une action en réparation." Dans le cas contraire, une action en justice sera "certainement" intentée pour "sanctionner un comportement gravement fautif", a ajouté l'avocat.
L'affaire a été révélée par un internaute, qui a fait le buzz sur internet. La photo légèrement floutée illustre une publicité pour la garderie d'enfants du Festival et figure à la dernière page du journal, appelé Montreux Jazz Chronicle. "Nous avons immédiatement retiré tous les exemplaires du journal", a ajouté le porte-parole, indiquant qu'il était tiré entre 2.000 et 3.000 exemplaires par jour. Selon le porte-parole, deux erreurs peuvent expliquer cette regrettable méprise.
Le journal emploie durant le festival des jeunes en formation pour la mise en page. En l'occurrence, un jeune graphiste étranger cherchait une image d'enfant pour illustrer la publicité sur la garderie. Il a tapé "enfant" sur google images et a choisi celle du petit Grégory sans savoir qui il était,
et l'a téléchargée. Par ailleurs, la rédaction en chef du journal n'a pas vu l'erreur car la photo était légèrement floutée, a encore indiqué le porte-parole en réitérant les excuses du festival pour cette grosse gaffe.
Le dossier Grégory est l'une des plus retentissantes affaires judiciaires des 30 dernières années, et n'a jamais été résolue. Le 16 octobre 1984, le corps du petit Grégory était découvert dans une rivière, la Vologne, les mains et jambes liées, à 7 kilomètres du domicile de ses parents. Un mystérieux corbeau avait fait part du crime par un appel téléphonique quelques heures avant la découverte du corps. Le lendemain, le crime a été revendiqué par une lettre anonyme adressée au père du garçonnet.
Le couple Villemin recevait depuis quatre ans des lettres de menaces de ce mystérieux
corbeau, et la mort de leur fils a été considérée comme une exécution de ces menaces.