L'ex-attaquant du Stade de Reims et toujours recordman des buts marqués en une édition de Coupe du monde de football (13) fête ses 80 ans aujourd'hui. "Justo" n'a rien perdu de sa passion pour le ballon rond. Entretien.
- Quand vous faites un retour sur votre carrière, 1958 est une année faste, avec ce titre de meilleur buteur en Coupe du monde ?- "En novembre 1957, la France joue contre la Belgique et mène 6-1, dont cinq buts de (Thadée) Cisowski. C'est pratiquement la qualification pour la Coupe du monde. Ce jour-là, j'étais remplaçant. Quand j'ai vu que Cisowski en avait marqué cinq, je me suis dit que je jouerais la prochaine. Déjà que je n'avais pas joué en 1954 parce que j'étais trop jeune... Mais Cisowski s'est blessé. Moi, j'ai fait une trêve de décembre 1957 à février 1958, ce qui fait qu'au mois de juin, j'étais en pleine forme. Ce n'est qu'à l'aéroport avant de partir en Suède que Paul Nicolas (responsable de l'équipe de France, ndlr) et Albert Batteux (l'un des entraîneurs), qui ne voulait pas vraiment de moi, m'ont dit que je jouerais avant-centre".
"J'ai le record du sélectionneur le plus météorique"
- Mais votre carrière s'est arrêtée prématurément...- "J'ai eu une double fracture, le 20 mars 1960 et le 1er janvier 1961. Comme je m'étais farci six mois de plâtre, j'ai pleuré de rage. On parle beaucoup de mon record, mais, comme j'ai dit récemment au Mexique, j'aurais bien échangé mon record contre cinq ou six ans de plus, car le foot était ma passion. J'étais au sommet, je gagnais beaucoup d'argent pour l'époque. Ce n'était pas les sommes actuelles, je gagnais cinq fois le SMIC, maintenant ce serait plutôt cent fois".
- Vous avez été l'un des entraîneurs du Paris SG, que pensez-vous de son retour au plus haut niveau ?
- "J'ai été le seul à le faire monter en Première division, une sorte de record. J'en ai un autre, celui du sélectionneur le plus météorique. Deux matches, et après dehors! Celui-là, pour le battre... J'étais le seul sélectionneur bénévole. Le PSG est capable de devenir un grand club mais pas encore comme le Barça. Qu'il ait été champion, c'est normal, compte tenu de l'argent dépensé et de la présence de bons joueurs. Il est évident que si vous avez plus d'argent qu'un autre, à capacité intellectuelle égale, l'argent est un avantage. Monaco, qui est son concurrent sur le plan des transferts, est handicapé par son terrain et par le manque de spectateurs. Au Paris SG, c'est toujours plein".
Le PSG d'aujourd'hui lui rappelle le Reims d'hier
- Vous semblez toujours au fait de l'actualité du football, que pensez-vous de l'évolution du monde professionnel ?- "Je suis passionné par le foot, je regarde tous les matches, même la finale des moins de 20 ans. Ma conception du foot, c'est l'exemple du Barça. Ce n'est pas étonnant que l'Espagne ait gagné deux Championnats d'Europe et une Coupe du monde. Au Barça, des minimes aux seniors, tout le monde se tient à la même philosophie de jeu. Il y a du Cruyff là-dessous. Il leur manque juste un bon gardien et un bon défenseur central".
- Un Championnat de France à deux vitesses ne vous inquiète-t-il pas ?
- "Toutes les fois que le PSG a perdu ce n'est pas contre les grandes équipes (Reims, Evian-Thonon, Valenciennes). L'avantage c'est d'avoir de l'argent, l'inconvénient c'est que, contre toi, toutes les équipes jouent le match de leur saison. On a connu cela avec Reims".