Jean Kahn, figure du judaïsme français, décédé dimanche à 84 ans, a été inhumé mardi à Strasbourg en présence du ministre de l'Intérieur Manuel Valls, qui a rendu hommage à "un très grand Français".
Mardi 20 août
"Il a incarné avec beaucoup de talent cette part juive qu'a la France, constitutive de son identité", a souligné le ministre de l'Intérieur, en charge des cultes. "Sans la communauté juive, la France n'est pas la France. Il a été sans doute l'un des grands visages, et peut être même le premier visage incarnant la communauté juive, sa parole dans notre pays, profondément juif, profondément français, profondément républicain". Ce n'est pas uniquement "une grande personnalité de la communauté juive qui s'en va, c'est un très grand Français", a-t-il conclu.
Jean Kahn a été inhumé en présence de sa famille et de ses amis à la mi-journée au cimetière juif de Cronenbourg, à Strasbourg. Jean Kahn, militant des droits de l'Homme, fut notamment président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). Il a également été président du Congrès juif européen et vice-président du Congrès juif mondial. De 1995 à 2008, il a dirigé également le Consistoire central de France.
Dimanche 18 août
"Il est décédé ce matin à l'hôpital, des suites d'une longue maladie", a confié son fils, Daniel Kahn. Ce militant des droits de l'Homme, figure du judaïsme français dont il a présidé la plupart des institutions, était né à Strasbourg le 17 mai 1929. Docteur en droit de l'université de Strasbourg, il s'est inscrit au barreau en 1953 avant d'intégrer l'entreprise familiale de textile. Il s'est marié en 1955 et a eu deux fils. Dès cette époque, il mène nombre d'activités bénévoles, comme l'accueil en 1960 de jeunes rapatriés d'Afrique du Nord, ou l'organisation des premières actions en faveur des Boat people. En 1969, il devient administrateur de la Communauté israélite de Strasbourg, qu'il préside à partir de 1972, ainsi que le CRIF régional.
En 1983, il est élu vice-président du CRIF national, qu'il présidera de 1989 à 1995. Parallèlement, il est élu en 1991 président du Consistoire israélite du Bas-Rhin (dont il sera jusqu'à sa mort le président d'honneur), président du Congrès juif européen et vice-président du Congrès juif mondial. De 1995 à 2008, il dirigera également le Consistoire central de France. Parallèlement à son engagement religieux, Jean Kahn s'est battu toute sa vie pour les droits de l'Homme, contre l'intolérance et le racisme, rappelle une biographie transmise par sa famille. Il a d'ailleurs gagné à deux reprises en justice contre Jean-Marie Le Pen.
En 1990 et 1991, il se rend au Kosovo pour essayer d'aider à trouver une solution pacifique au conflit en ex-Yougoslavie. Il aidera ensuite à évacuer des milliers de Yougoslaves de zones en proie aux combats et organisera des convois humanitaires de médicaments et de vivres. En 1994, il obtient la présidence de la commission consultative européenne "Racisme et xénophobie", et en 1995 celle de l'Observatoire européen des phénomènes racistes et xénophobes, créé sur sa proposition. Au long des années 1990, il organise de multiples colloques pour la démocratie et contre le racisme, en ex-URSS notamment, mais aussi des voyages à Auschwitz avec des élus européens, des lycéens.. Jean Kahn sera inhumé mardi à 11H30 dans le cimetière juif de Cronenbourg.
La réaction de Philippe Richert
Repères biographiques
- Né à Strasbourg en 1929
- études de droit à Strasbourg
- Président de la communauté israélite de Strasbourg de 1972 à 1990
- Président du Consistoire du Bas-Rhin de 1991 à 2009
- Président du Congrès Juif Européen de 1991 à 1996
- Président du Conseil représentatif des institutions juives de France CRIF, de 1989 à 1995
- Président du Consistoire central de France, pour trois mandats de 1995 à 2008.
Réactions
La réaction du Groupe Strasbourg Au Centre - UMP, UDI et Indépendants
La réaction de Catherine Trautmann