En Allemagne, le prêt sur gage automobile veut séduire les frontaliers

Au lieu des bijoux de grand-mère, pourquoi ne pas porter sa voiture au "Mont de piété"? Impossible en France, la démarche est proposée aux automobilistes français en mal d'argent par une société basée de l'autre côté de la frontière, en Allemagne.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

"En Allemagne, ça existe depuis très longtemps, dans toutes les grandes villes", explique Cedric Domeniconi, l'un des deux entrepreneurs à l'origine de cette idée. "On s'est dit qu'on pouvait tenter de proposer ce service aux clients suisses et français, qui ne le connaissent pas", ajoute M. Domeniconi, un Suisse qui a mis en place un site internet entièrement en langue française. La procédure, assure-t-il, est très simple: le client vient déposer sa voiture "au clou" dans un entrepôt situé dans le sud-ouest de l'Allemagne, à environ 65 km de la ville frontalière de Saint-Louis. Et il repart avec une somme d'argent. Le prêt est limité à trois mois, renouvelable éventuellement une fois. Quand le client ramène l'argent, il récupère son véhicule.

Le service, évidemment, a un coût. Pour un prêt de 5.000 euros, le taux d'intérêt est de 12% annuels, soit 50 euros par mois. Mais en y ajoutant les frais de gestion, de gardiennage et d'assurance de la voiture, la facture est quasiment multipliée par sept, avec 345 euros mensuels. Denis Dahy, un boulanger à la retraite installé en Haute-Saône, dans l'est de la France, n'a pas été rebuté par ces tarifs: à deux reprises, il est allé en Allemagne mettre en gage son 4x4 Dacia. "Comme j'avais des problèmes de liquidités, j'ai d'abord cherché à vendre rapidement ma Dacia, qui est ma deuxième voiture. Mais on m'en proposait une misère. Alors, en cherchant sur internet, j'ai trouvé cette solution de prêt sur gage". "C'est astucieux, rapide et souple, mais c'est vrai qu'à ce tarif-là, ça doit rester du court terme, parce que sinon ça fait cher!", commente le sexagénaire.

Des frais élevés 

Un point que l'entreprise allemande ne conteste d'ailleurs pas. "Bien sûr, en pourcentage, les frais sont élevés. Mais en valeur absolue, quelques centaines d'euros par mois, c'est pas grand chose", estime M. Domeniconi, qui assure "attirer l'attention" de ses clients sur la nécessité de limiter la durée du prêt. Pour Gérard Fischer, le directeur du Crédit municipal de Strasbourg, cette offre est "sympa dans son principe", mais "les taux sont incroyables". En France, les caisses du Crédit municipal - détentrices du monopole du prêt sur gage - demandent 35 euros par mois d'intérêt pour 5.000 euros prêtés. Mais elles n'acceptent plus les véhicules depuis 1974, principalement parce que ce service impliquait une logistique trop lourde, explique M. Fischer. Depuis ses bureaux allemands, M. Domeniconi, qui réfute le terme d'"usurier", fait valoir que la comparaison avec les Crédits municipaux n'est pas pertinente.

"Contrairement à eux, nous n'avons pas de but social. Et nos clientèles ne sont pas les mêmes: nous ne nous adressons pas aux personnes démunies, mais à des gens aisés, qui ont des biens mais manquent temporairement de liquidités". De fait, malgré la crise économique, M. Domeniconi est loin d'avoir provoqué, par son initiative, un exode massif vers l'Allemagne d'automobilistes français désargentés. Seule, une dizaine a franchi le pas, selon lui. Jean-Louis Kiehl, le président de la Fédération des associations Crésus, qui aident les ménages surendettés, est sceptique. "Chez nous, ce n'est pas dans les moeurs, et puis souvent les gens démunis ont une voiture de faible valeur". Dans ce mont-de-piété allemand, le taux est certes très élevé, observe M. Kiehl, "mais tout dépend de l'usage qu'on en fait. Et puis ce n'est pas plus dangereux qu'un découvert bancaire, où le taux d'intérêt peut atteindre 300%". 
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information