Le détenu qui avait pris en otage une surveillante à la prison d'Ensisheim, pendant plus de 13 heures en août, a été condamné mercredi à cinq ans d'emprisonnement par le tribunal correctionnel de Colmar.
Le parquet avait requis sept années d'emprisonnement contre Sadik Jdaidia, 39 ans, qui était également jugé pour des faits similaires commis à Château-Thierry (Aisne) en juin 2012. Escorté au tribunal par six gendarmes, le détenu n'en était pas à son coup d'essai : il avait déjà été condamné à une peine de trois ans de prison pour avoir pris un médecin en otage à la prison de Montmédy (Meuse) onze heures durant en 2011. Le regard fatigué, peinant à se concentrer, il n'a pratiquement jamais commenté les faits, se contentant de répéter qu'il était "entré dans un jeu" qu'il regrettait."Les personnes que j'ai agressées, j'implore leur pardon", a-t-il dit devant le tribunal, tout en mettant en doute les séquelles psychologiques soulignées par les avocats de ses victimes. Sadik Jdaidia avait pris en otage pendant plus de 13 heures une surveillante à la prison d'Ensisheim le 14 août, menaçant de la tuer avec un couteau de cantine bricolé pour qu'il soit plus tranchant, avant de se rendre et la libérer. Il a affirmé devant le tribunal que sa motivation principale était d'être transféré dans une autre prison, ne supportant plus d'être incarcéré avec "des Francis Heaulme ou des Guy Georges" à Ensisheim, où il était détenu depuis le début de l'année.
"Je faisais du théâtre"
Lors des négociations avec le GIGN, le 14 août, le détenu, toxicomane, avait aussi réclamé des médicaments. Il avait par ailleurs affirmé après le dénouement qu'il avait souhaité être tué par les tireurs du GIGN. "Je faisais du théâtre", a-t-il déclaré lors du procès, ajoutant qu'il y avait "eu plus de peur que de mal". En 2012 à Château-Thierry, il avait menacé de mort et retenu un aide médico-psychologique avec un manche de fourchette aiguisé. Il purgeait alors une peine de trois ans de prison après la prise d'otage de Montmédy. La défense n'a pas trouvé beaucoup d'arguments dans la nouvelle expertise psychiatrique ordonnée par la justice après les faits d'Ensisheim. Les experts ont écarté toute altération du discernement du prévenu malgré des traits de personnalités "psychopathiques".
Soulignant "l'absence d'empathie" du prévenu pour ses victimes, et le fort risque de récidive, ils ont qualifié de "relecture romancée des faits" ses déclarations affirmant qu'il cherchait à être tué. De précédentes expertises avaient aussi conclu que le détenu était responsable de ses actes.