Déjà condamné à deux reprises pour le meurtre de sa femme, Jean-Louis Muller, un ancien médecin légiste, a une nouvelle fois clamé son innocence à l'ouverture de son troisième procès lundi devant la cour d'assises de Nancy.
Meurtre ou suicide ?
Brigitte Muller s'est-elle donnée la mort avec le 357 Magnum de son époux, le 8 novembre 1999, au sous-sol du domicile conjugal? Ou ce dernier, expert en médecine légale et auteur d'une thèse sur les effets des projectiles de petit calibre, a-t-il maquillé un crime passionnel en suicide ? "Vous avez farouchement nié, c'est encore votre position?", lui a demandé lundi la présidente de la cour d'assises, Marie-Cécile Thouzreau. "Je suis innocent", a répondu l'accusé, portant costume sombre et fines lunettes. Jean-Louis Muller s'est cette fois entouré d'un des champions de l'acquittement, l'avocat Eric Dupond-Moretti. Interrogé en fin de matinée sur son enfance et sa jeunesse, Jean-Louis Muller s'est montré bavard, à l'opposé de son procès en appel, lorsqu'il avait choisi de garder le silence.Interrogé sur son caractère, il s'est défini comme un "anxieux libératif", avant d'admettre le terme "colérique", proposé par la présidente de la cour. "Moi, je n'y ai pas cru" Pour les proches de la victime qui se sont portés partie civile, la culpabilité de l'accusé "ne fait aucun doute", a souligné leur avocat, Me Michaël Wacquez. Me Wacquez a convenu qu'il n'y avait "ni aveux, ni preuves matérielles", dans ce dossier. Mais il existe selon lui "un faisceau d'indices qui laisse tout simplement penser que Jean-Louis Muller a bien tué son épouse Brigitte le 8 novembre 1999".
Ces indices ont à deux reprises déjà, emporté la conviction des jurés populaires, en 2008 et 2010, aux assises du Bas-Rhin puis du Haut-Rhin. L'accusé qui encourt trente ans de réclusion, avait été à chaque fois condamné à 20 ans de prison. Lundi après-midi, l'audition d'un enquêteur de gendarmerie, l'un des premiers à s'être rendu sur la scène du drame, a semblé dérouter la cour. Peu clair, peinant à retrouver la mémoire, le gendarme a affirmé avoir douté du
suicide: "Moi, je n'y ai pas cru", a-t-il confié à la cour. Et ce bien qu'il eut rédigé au terme de son enquête que "le suicide ne (semblait) pas remis en cause". Interrogé par Me Eric Dupond-Moretti sur l'existence d'un mobile de Jean-Louis
Muller pour tuer sa femme, l'enquêteur a simplement répondu "Non".
Le dossier, exceptionnel sur le fond, l'est également dans la forme, puisque la Cour de cassation a annulé le verdict de condamnation en appel, et renvoyé l'affaire devant la cour d'assises à Nancy pour un troisième procès, un cas de figure rarissime. Jean-Louis Muller comparaît libre, comme lors de ses deux premières comparutions. Il n'a été incarcéré qu'environ 18 mois depuis le début de l'affaire.