Selon Guy-Dominique Kennel, le président UMP du Conseil général du Bas-Rhin, les 41 départements de droite contesteront ce projet devant le Conseil d'Etat. A l'issue de la réunion de sa collectivité consacrée à ce dossier, M. Kennel a dénoncé un "charcutage inacceptable" de la carte électorale.
Reportage Eric Proença, Vincent Roy et Pierre Ledig. Interviews de : Guy-Dominique Kennel, Président (UMP) Conseil Général du Bas-Rhin - Frédérique Mozziconacci, conseillère générale canton de Villé (groupe majoritaire) - Raphaël Nisand , Conseiller général (PS) de Schiltigheim
Quand le gouvernement aura formalisé son projet sous forme de décret, "nous irons devant le Conseil d'Etat pour essayer d'en contester telle ou telle mesure", a-t-il dit.
Les dirigeants des départements aux mains de la droite espèrent ainsi gagner du temps, a expliqué M. Kennel: ils espèrent "aboutir au fait que le gouvernement n'arrive pas à sortir le décret définitif dans les temps, en mars prochain", c'est-à-dire un an avant la date prévue du prochain scrutin cantonal.
Lundi matin, le conseil général du Bas-Rhin a formellement rendu un "avis défavorable" au projet de redécoupage de la carte des cantons que lui a soumis le gouvernement. Cet avis n'est toutefois que consultatif.
Tout en reconnaissant qu'il était "légitime de vouloir réformer la carte des cantons", M. Kennel a notamment dénoncé une réforme menée "sans aucune concertation", "au détriment de toute proximité, et surtout des territoires ruraux". "On se justifie derrière la parité pour justifier l'injustifiable", a-t-il martelé.
Pendant les débats souvent houleux - tenus en présence de quelque 150 maires du département -, les élus de la majorité de droite ont étrillé le projet du gouvernement. Certains ont évoqué un "crime contre la démocratie", d'autres une "manipulation" ou encore un "découpage de copains et de coquins".
L'élu PS Raphaël Nisand a soutenu au contraire qu'il n'y avait "aucune raison d'être aussi négatif" et que cette réforme allait "fonctionner, même si la copie rendue n'est pas parfaite".
La loi du 17 mai 2013 a réformé le mode de scrutin en prévoyant l'élection dans chaque canton d'un binôme, homme et femme, ce qui se traduira par la division par deux du nombre de cantons.
Interpellé sur ce dossier par les députés de l'opposition, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls les avait invités mi-octobre à ne pas avoir "peur du changement".
"On n'a pas changé les départements, on n'a pas découpé depuis 1801", avait souligné le ministre, expliquant que les projets de redécoupage des cantons devaient prendre en compte "la démographie (...) et la réalité des départements".