Jean-Marie Brom : "je quitte Europe Ecologie-Les Verts"

Par un communiqué ce mardi matin, Jean-Marie Brom a annoncé qu'il quittait EELV, Europe Ecologie-Les Verts mais sans renoncer à la vie politique."

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Il quitte le parti "par fidélité a certaines convictions qui ont été bien oubliées au profit d'un électoralisme de bas étage... En tout cas, je ne me reconnais plus dans le parti que j'avais rejoint il y a près de 30 ans", selon lui.
Jean-Marie Brom, adhérent des Verts de la première heure, est un ancien conseiller municipal de 2001à 2008, Il fut candidat à de nombreuses reprises aux élections à Strasbourg. 

Voici son communiqué : 

"J'ai pris la décision de quitter Europe Ecologie - Les Verts. Ce parti qui aujourd'hui, ne produit plus d'idées neuves, préférant se soumettre à l'appétit de pouvoir, ou de l'apparence du pouvoir, de quelques-uns de ses dirigeants.

Ce n'est pas facile de quitter le parti que j'ai rejoint en 1988, après avoir été candidat aux municipales de Strasbourg en 1977, aux élections législatives dans le cadre de "Ecologie 78", à la première élection européenne en 1979, après avoir été le président bas-rhinois de "Ecologie et Survie", prototype de ce qui devenu "Les Verts".

Je quitte mon parti parce qu'il ne produit plus grand'chose, parce que, pour reprendre les termes de Noël Mamère, nous sommes devenus "un syndicat d'élus". Que reste-t-il de nos projets de transformation de la société ?
Sur le plan national, et quel que soit le regard que nous pouvons avoir sur l'action des ministres EELV, il n'en reste pas moins que l'action du gouvernement est trop loin des termes ou même de l'esprit de l'accord passé entre EELV et le PS : l'appel à la croissance, vue comme unique solution à tous les problèmes de société, le soutien réaffirmé au nucléaire (et pourtant, dans l'accord, EELV acceptait sans broncher le fait nucléaire après 2025…), une politique sécuritaire digne de la droite, la poursuite de la remise en cause des retraite, qui montre le peu de confiance qu'ont nos actuels dirigeants dans leur politique à long terme, la réforme territoriale initiée par la droite et reprise par la gauche … La liste serait trop longue des promesses non tenues, des renoncements successifs, des lignes rouges franchies sans que nos ministres ou nos élus n'en tirent aucune conséquence. Aujourd'hui, les écologistes continuent d'accepter des décisions contraires à leur projet. Si encore c'était pour faire avancer d'autres dossiers, mais lesquels ?
Le congrès de Caen s'est terminé sur un parti meurtri, divisé, avec un exécutif ne représentant qu'à peine la moitié du parti. La dernière réunion du Conseil Fédéral de ce week-end a replongé notre parti dans l'absurde, avec un exécutif quasiment absent et préférant les réunions discrètes aux explications franches… pour finir par choisir de "ne pas désapprouver" les orientations budgétaires du gouvernement (on appréciera la sémantique).
Sur le plan local, la triste expérience du référendum manqué de 2012, où Europe Ecologie avait choisi de soutenir une réforme sans savoir ce qu'elle pourrait contenir, nous a placé dans un rôle de supplétif du pouvoir, quel qu'il soit. Dernier avatar : la motion votée au Conseil Rhénan qui certes acte la décision de fermer la centrale de Fessenheim, mais appelle de ses voeux un "centre de démantèlement européen" (le seul projet existant étant celui de M. Rol-Tanguy) qui risque de faire converger à Fessenheim des milliers de tonnes de ferraille hautement radioactives de toute l'Europe en voie de dénucléarisation. A force de vouloir exister, on finit par se compromettre sans mesurer l'avenir…
Et la situation strasbourgeoise n'est que le reflet d'une bien triste évolution, l'illustration d'un parti qui est devenu capable d'assourdir son discours contre la promesse de quelques postes. Le bilan du mandat écoulé montre que bien peu de ce qui avait été évoqué dans l'accord de fusion de 2008 a été respecté. L'histoire de ce mandat est pleine de renoncements – sur la démocratie, l'énergie, les ondes électromagnétiques, la sur-densification urbaine...– que nous avons accepté trop souvent sans broncher, ou à peine. Dès lors, il est normal de faire campagne sous nos couleurs, avec nos idées, pour forcer l'entrée de l'écologie dans la politique strasbourgeoise autrement que par des discours sans propositions. Mais peut-on mener campagne sur nos idées en restant liés jusqu'au dernier jour à un exécutif qui ne les a pas porté ? Je ne le pense pas, je l'ai dit. La réponse qui m'a été faite a été qu'il ne fallait pas indisposer d'avance nos futurs partenaires du 2ème tour. Et aujourd'hui, le vote du budget de la Ville de Strasbourg a illustré cette réponse. Je crains qu'aujourd'hui, il ne reste plus qu'à faire la campagne la moins gênante possible pour être en mesure de quémander quelques places… Ce sera sans moi.
Ce n'est pas ainsi que je voyais la politique lorsque je me suis engagé voici bientôt trente ans au sein des Verts. Ce n'était pas pour me retrouver dans un parti-supplétif, un parti-alibi qui ne sert qu'à mettre une touche de vert sur une politique trop loin de nos idées.

Jean-Marie Brom

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