Caché sous un casque, Cascadeur avait envoûté la critique en 2011 avec un premier album mélancolique et des concerts aériens. Pour son deuxième disque, "Ghost Surfer", il s'est imaginé "metteur en scène".
Alexandre Longo, dit Cascadeur, revient lundi 3 février 2014 avec un deuxième disque, "Ghost Surfer".
L'artiste originaire de Metz a annoncé sur son compte Twitter que celui-ci était en pré-commande :
Mon nouvel album #GhostSurfer est disponible en précommande par ici: http://t.co/1ioyGjaeRd // nouveau clip en bonus http://t.co/qiDnDynIGe
— Cascadeur (@cascadeursound) 20 Janvier 2014
"Ghost Surfer", un disque pour lequel Cascadeur s'est imaginé "metteur en scène".
Pour cet hyper-émotif, qui a longtemps joué les hommes de l'ombre sur les projets d'autres musiciens, se lancer seul était "un passage obligé, une renaissance",
"Mon premier disque, +The human octopus+ (2011), s'apparentait à de la musique de chambre. Là, il fallait que je sorte de cette chambre. Je voulais que +Ghost Surfer+ soit peuplé, qu'il y ait une forme de communauté. J'ai toujours imaginé Cascadeur comme un vaisseau sur lequel, plus ça va, moins je suis aux commandes." Alexandre "Cascadeur" Longo, interrogé par l'AFP.
Ce deuxième album a presque était "conçu comme un film, avec un casting, les décors, les mises en place, les répétitions avec les acteurs, le jeu autour des dialogues. Pour moi chaque intervenant joue un personnage", explique le musicien.
La soprano belge Anne-Catherine Gillet y est "une déesse", le chanteur des Tindersticks Stuart Staples "le cyclope et la figure du commandeur, avec quelque chose de presque wagnérien".
"Christophe, c'était le spectre. Il y a quelque chose de fantomatique chez lui, dans son physique. Il vit la nuit, il est hors du temps, il a créé son temps", poursuit-il.
Metteur en scène, il a aussi joué sur l'illusion. Les voix se démultiplient, jouent en "trompe-l'oreille" avec des instruments comme la scie musicale, les ondes martenot. Certains morceaux s'arrêtent brusquement, comme une bobine de film qui se serait rompue.
"J'aime brouiller les pistes, je voulais qu'on rentre dans une forme de palais des glaces. C'est un plaisir d'enfant."
Cascadeur est constamment à cheval entre deux mondes. Celui de l'adulte qui théorise sa musique, construit savamment son disque comme une "odyssée". Et celui de l'enfant, qui utilise des jouets comme instruments et est fasciné par les Indiens.
Se mettre en retrait
Tous les intervenants - on trouve aussi le trompettiste Médéric Collignon, le pianiste Tigran Hamasyan, Eric Pulido et Tim Smith de Midlake et le DJ Pfel - dessinent une sorte "d'autoportait en creux" d'Alexandre Longo, pianiste passé par la musique classique et le jazz, avant de se tourner vers la pop et l'électro.
Fait plutôt rare, le musicien met souvent ses invités sur le devant de la scène, jusqu'à laisser Christophe chanter seul sur la dernière chanson, qui est d'ailleurs la seule en français.
"Se mettre en retrait, c'est quelque chose d'essentiel en musique, c'est comme le silence. Ce n'est pas être absent."
Pour cet amoureux des sports collectifs, être seul en scène pour sa première tournée a été "dur mais vital", confie-t-il.
"C'était hyper compliqué d'arriver seul à un endroit face à des inconnus, de réussir à ce que le silence s'installe face à ce projet un peu spécial. C'était un truc initiatique, ça m'a forgé", dit-il.
Casqué sur scène, toujours
Pour la tournée qui va suivre la sortie de "Ghost Surfer", Alexandre Longo sera cette fois entouré d'un groupe. Mais il gardera son masque.
"J'en ai besoin, je suis trop émotif. Je vis tout comme un rendez-vous amoureux, je suis tremblant assez souvent et ça me tombe dessus. Sur scène, c'est la même chose. Le masque me protège et me permet de mettre à distance. Je crois aussi que ça fait partie du projet maintenant. Le travail de Daft Punk là-dessus est très intéressant. Si maintenant ils montraient leur visage, ça dénaturerait ce qu'ils font. Tant que je serais dans ce projet là, il faudra que je sois dissimulé."