Le maire PS de Strasbourg, Roland Ries, a renoncé à décerner la "médaille d'honneur" de la ville au chef de file des Verts au Parlement européen, Daniel Cohn-Bendit, après ses attaques contre le maintien du siège du Parlement dans la capitale alsacienne.
Réagissant avec "consternation" à des propos de l'ex-leader de Mai 1968 mardi sur Europe 1, Roland Ries a annoncé dans un communiqué que "compte tenu de cette malheureuse actualité, la Ville préfère surseoir au projet de remise d'une médaille d'honneur de Strasbourg" à Daniel Cohn-Bendit. La remise de cette médaille à Daniel Cohn-Bendit, qui ne se représente pas aux élections européennes cette année, "avait été envisagée au titre des nombreux mandats de parlementaire européen qu'il a accomplis et de ses responsabilités de président de groupe politique dans cette assemblée", a précisé M. Ries.
M. Cohn-Bendit devait la recevoir le 26 février, aux côtés d'autres personnalités du Parlement européen comme la Luxembourgeoise Astrid Lulling, doyenne et questeur de l'hémicycle, le président du groupe conservateur Joseph Daul (UMP) et un des vice-présidents de l'assemblée, l'Espagnol Miguel Angel Martinez Martinez (groupe socialiste et démocrates).
"Daniel Cohn-Bendit semble être prisonnier des lobbyistes pro-bruxellois, et n'a plus la distance critique qui avait pourtant fait ses heures de gloire dans des temps plus anciens", a déploré Roland Ries. Mardi sur Europe 1, l'eurodéputé était revenu sur un projet qu'il défend depuis plusieurs années: recentrer une fois pour toutes le Parlement européen à Bruxelles et utiliser ses locaux strasbourgeois pour y installer une grande université européenne. "La majorité des députés européens plébiscite un siège unique du Parlement à Bruxelles", avait-il fait valoir, en jugeant "complètement anachronique" le maintien à Strasbourg du Parlement européen.
L'eurodéputé a une nouvelle fois dénoncé les conséquences financières et écologiques du déplacement mensuel de près de 5.000 députés et collaborateurs pour des sessions plénières de quatre jours à Strasbourg. "Je comprends la valeur symbolique (de Strasbourg) et je serais le dernier
à la nier, mais de temps en temps il faut faire évoluer les symboles", a-t-il encore plaidé, en remarquant que "l'Europe des 28, ce n'est plus l'Europe des 6", quand les six pays fondateurs de l'UE avaient choisi Bruxelles, Strasbourg et Luxembourg comme sièges des institutions européennes.
Installer un campus européen dans les locaux du Parlement à Strasbourg serait "tout bénef, même pour les hôtels strasbourgeois", a-t-il encore estimé.
Daniel Cohn-Bendit commentait "l'idée de créer un campus européen" à Strasbourg, lancée par le président François Hollande lors d'une visite dans la capitale alsacienne fin janvier.
Le chef de l'Etat n'avait, lui, pas établi de lien entre cette idée et un déménagement du Parlement européen. Et "contrairement aux dires de M. Cohn-Bendit, il n'a à aucun moment été question de la construction d'une nouvelle université européenne", mais plutôt d'un rapprochement entre l'université de Strasbourg et celle de Fribourg-en-Brisgau, de l'autre côté du Rhin, a souligné M. Ries.