Les carnavals allemands feront-ils partie du patrimoine immatériel de l’humanité ?

Les promoteurs de l’idée veulent y croire, ils ont déposé des dossiers l’automne dernier auprès du bureau allemand de l’UNESCO.

Figurer sur la liste du patrimoine immatériel de l’humanité, c’est l’objectif des carnavals alémaniques et rhénans. Mais le chemin pour y arriver est semé d’embûches, si une première liste de projets allemands est maintenant établie, il faut d’abord que celle-ci soit présentée cet été aux ministres de la culture des Länder et à la commission allemande de l’UNESCO.

« Le patrimoine immatériel, c’est ce que nous les Allemands appelons en fait le patrimoine vivant, c'est-à-dire qu’il est transmis de génération en génération, ce sont des traditions, des savoir-faire, qui constituent une identité, dont on est fier. Chaque Land peut présenter deux demandes, parmi lesquels une sélection est opérée », explique Dieter Offenhäuser, le porte-parole du bureau de l’UNESCO à Bonn. «  L’Allemagne vient d’adhérer à la convention en 2013, on n’en est qu’au démarrage ! »

Le carnaval, c’est de la culture !

Carnaval rhénan et Fasnacht alémanique, les promoteurs de l’inscription au au patrimoine de l’humanité utilisent les mêmes arguments : il s’agit de traditions vivantes, qui sont perpétuées encore aujourd’hui et célébrées, des traditions qui ont marqué l’identité des régions alémaniques et rhénanes en Allemagne. « Notre carnaval, c’est de la culture ! », s’exclame le vice-président des associations de carnaval allemandes  Peter Krawietz. Il participe de manière active au carnaval de Mayence, connu pour ses discours satiriques et ses critiques politiques. « Et nos textes sont toujours très bien écrits ; pour faire rire en finesse, nous jouons avec les mots, nous manions l’ironie ou la poésie. ».

En pays rhénan, à Cologne, Düsseldorf ou Mayence, pas de masques et une tradition d’humour politique : ce carnaval émerge à la fin du 18e siècle, avec une forte connotation militaire – un pastiche de l’armée napoléonienne, qui occupait la Rhénanie ; à Rottweil, Elzach ou Wolfach, le fou alémanique avance masqué et va au contact de son public : cette fasnacht qui doit chasser l’hiver trouve ses origines au Moyen Âge. « Il s’agit de deux branches du même arbre », explique Werner Metzger, ethnologue Université Fribourg en Brisgau. « Le carnaval alémanique avait été supplanté dans le sud ouest de l’Allemagne par son frère rhénan, mais dans les années 30, il a été réanimé, pour des raisons politiques aussi, par le régime nazi. Depuis, il s’est à nouveau installé durablement dans les régions alémaniques et connait un succès croissant depuis quelques années. »
Depuis 2003, 148 Etats ont signé la convention de l’UNESCO sur le patrimoine mondial, l’Allemagne vient de les rejoindre. Ses carnavals ne sont évidemment pas les premiers à briguer l’inscription au patrimoine immatériel de l’humanité : celui de Binches en Belgique y est inscrit depuis 2003, en 2005, l’UNESCO a reconnu au titre des chefs-d’œuvre du patrimoine culturel immatériel de l’humanité le carnaval de Cassel dans le Nord, les fêtes de Gayant à Douai, le carnaval de Pézenas et les fêtes de la Tarasque à Tarascon pour la France. En Belgique, ce sont l’Ommegang de Termonde, celui de Malines, ainsi que les ducasses de Mons et d’Ath, et le Meyboom de Bruxelles qui sont inscrits au patrimoine immatériel. Les géants et dragons processionnels de Belgique et de France y figurent depuis 2008, les masques de la région de Hlinsko en République Tchèque y côtoient les traditions du carnaval de Barranquilla en Colombie.

Une décision pour fin 2016

Les carnavals ne sont pas les seuls traditions à figurer sur la première liste allemande présentée à la commission de l’UNESCO ; un jeu de cartes, le skat, ou l’idée de la coopérative, les projets sont variés. L’Unesco ne rendra sa décision que fin 2016… On saura alors si les cris de guerre des fous, "narri narro" en pays alémanique, "helau" à Mayence et "alaaf" à Cologne, sont dignes du patrimoine immatériel de l’humanité.

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