C'est vendredi 18 avril 2014 (Vendredi Saint en Moselle) qu'ouvrira au public le nouveau musée de Gravelotte, le seul, aussi bien en France qu’en Allemagne, portant en totalité sur la période de l’annexion de l’Alsace-Lorraine à l’Empire allemand.
Il sera LE musée de l’histoire contemporaine de la Moselle, élaboré dans une perspective franco- allemande. Le Musée départemental de la Guerre de 1870 et de l’Annexion (sa page Facebook, sa présentation internet) est lunique en son genre, aussi bien en France qu’en Allemagne, car il porte évoque la période de l’annexion de l’Alsace-Lorraine à l’Empire allemand à destination de publics divers : scolaires, familles, associations, amateurs passionnés, étudiants et chercheurs auxquels il offre à compter de son ouverture officielle vendredi 18 avril une exposition permanente, des expositions temporaires et des animations.
"Ce n'est pas un musée de guerre, on raconte une histoire qui va bien au-delà." Eric Necker, le conservateur du musée
Ce musée départemental de la Guerre de 1870 et de l’Annexion présente quelque 600 objets sur 900 m2, provenant de dépôts de musées régionaux, de l'Etat et d'Allemagne, avec des explications en français, allemand et anglais.
Le reportage de Grégory Boileau et Emmanuel André :
Le bataille de Rezonville ou de Gravelotte
qui firent près de 75.000 morts, blessés et disparus (voir l'animation et la page wikipedia)
Ces combats ont été d'une telle violence qu'ils ont donné lieu à une expression, aujourd'hui un brin désuète: "ça tombe comme à Gravelotte" à propos de la pluie, par analogie avec la grêle des balles.
Canons, armes, uniformes, cartes et tableaux illustrent le conflit. Mais les objets prennent surtout vie avec des témoignages et des photographies d'époque, mettant en lumière des destins individuels.
La 1ère annexion : entre exil et acclimatation
Un immense poteau-frontière en fonte introduit le visiteur dans la seconde partie de l'exposition, consacrée à la vie en Alsace-Moselle sous l'annexion allemande: pendant 48 ans, ce territoire devient la "marche de l'Ouest" d'un empire s'étendant de Metz à l'actuelle Lituanie."Le souvenir de cette période s'est estompé et elle est souvent perçue comme malheureuse côté français, d'autant plus qu'on a tendance à la confondre avec la seconde annexion par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale, qui n'a rien à voir." Eric Necker, le conservateur du musée.
En réalité à l'époque, si en France le souvenir des provinces perdues entretient l'esprit de revanche sur l'Allemagne, en Alsace-Moselle le parti protestataire contre l'annexion s'effiloche au fil des ans.
Si environ 120.000 personnes quittent la région pour la France, beaucoup d'Alsaciens-Mosellans finissent par s'acclimater au nouveau régime et à sa politique de germanisation.
Toutefois dans les zones francophones de Moselle, l'enseignement à l'école élémentaire reste dispensé en français jusqu'en 1914 et une presse locale
francophone continue de paraître.
Par ailleurs la frontière, essentiellement politique, n'est pas fermée: pour des raisons familiales, pour leurs affaires ou leurs loisirs, Français et Allemands la franchissent assez facilement, en dehors des périodes de tension. Avec le développement du chemin de fer, le commerce et l'industrie prennent leur essor: le textile, le pétrole et la mécanique en Alsace, les mines, la sidérurgie et la chimie en Lorraine.
Strasbourg et Metz se dotent de nouveaux quartiers d'immeubles bourgeois et d'élégantes villas, flanqués de bâtiments administratifs imposants, de nouvelles églises et de synagogues. Si bien que lorsque la Première Guerre mondiale éclate, de nombreux Alsaciens-Mosellans craignaient de perdre les avantages acquis durant l'annexion en cas de retour à la France, car "les lois sociales allemandes étaient plus en avance que le droit français" et les lois anticléricales en France "faisaient peur", selon M. Necker.
Ainsi après le rattachement à la France en 1918 resteront en vigueur de nombreuses lois allemandes, et même des lois françaises d'avant 1870 abrogées entretemps par la République. Ce régime juridique d'exception en France, le droit local d'Alsace-Moselle, existe toujours, tout comme de nombreux édifices architecturaux de l'époque impériale.
Ce Jeudi 17 avril 2014, Patrick Germain sera en direct du nouveau musée à 12h et 19h à l'occasion de l'inauguration de ce nouveau musée à Gravelotte (Moselle) :