Plusieurs des jeunes jihadistes présumés arrêtés la semaine dernière à Strasbourg regrettent d'avoir été en Syrie, a affirmé jeudi un collectif d'associations de la Meinau, en déplorant au passage la stigmatisation de leur quartier dans les médias.
"La plupart ont été trompés", a-t-il ajouté. "Certains d'entre eux n'ont pas trouvé là-bas ce qu'on leur avait annoncé, à savoir apporter une aide humanitaire. Arrivés sur place, certains ont téléphoné à leurs familles pour qu'ils viennent les chercher."
Interrogés par les journalistes, les membres du collectif ont reconnu ne pas avoir parlé directement avec les prévenus, tout en indiquant se faire l'écho de leurs familles. "Après les arrestations de la semaine passée, pourquoi stigmatiser la Meinau comme un repaire de terroristes?" s'est encore indigné M. Benazzouz. "Nous ressentons un coup médiatique autour de l'interpellation de ces jeunes. Cela stigmatise le quartier, ses habitants, ses acteurs sociaux", a déploré ce dernier, également président de l'association musulmane l'Éveil Meinau, membre actif du collectif.
Le 13 mai dernier, sept suspects ont été interpellés au petit matin à Strasbourg lors d'un vaste coup de filet, dans le cadre d'une information judiciaire ouverte à Paris. Deux d'entre eux ont été notamment embarqués par le Raid et le Groupe d'intervention de la police nationale (GIPN) dans une barre HLM de ce quartier populaire du sud de la ville, devant une nuée de journalistes présents sur place.Ils faisaient partie d'un groupe d'une douzaine de personnes parties à la mi-décembre pour la Syrie via la Turquie, en prétextant des vacances au soleil. Ils ont été mis en examen pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste" et placés en détention provisoire.
Le collectif, qui s'était créé mi-janvier après l'annonce de la mort en Syrie de deux frères de ce même quartier, a par ailleurs critiqué le déroulé de l'opération policière, au cours de laquelle "certaines familles ont été malmenées".
"Comment et pourquoi les autorités n'ont pas fait autrement pour interpeller ces jeunes? Les familles s'y attendaient. Les autorités savaient qu'ils étaient de retour depuis plus d'un mois. Les jeunes ne se cachaient pas et ils étaient dans leurs familles", s'est encore interrogé M. Benazzouz. AFP