L’Allemagne et le Brésil, voici les deux pays dans lesquels les fameuses vignettes autocollantes Panini sont les plus vendues au monde. Un phénomène outre-Rhin, au succès garanti depuis 40 ans.
1970, les frères Panini lancent leur première collection de vignettes autocollantes à Modène en Italie. Une dizaine d’années plus tôt, ces frères marchands de journaux ont eu l’idée de vendre des images de footballeurs à collectionner et à coller dans un album.
Quand en 1974, Panini part à la conquête du marché allemand, le succès est au rendez-vous, et aujourd’hui, onze Coupes du monde de football plus tard, les Allemands sont des collectionneurs fidèles de vignettes Panini.
Toute la famille collectionne
Enfants, adultes, parents, grands-parents et petits enfants, filles ou garçon, aujourd’hui, 15% des collectionneurs sont des filles ! - tous participent à ce phénomène – et tous veulent remplir leur album, compléter la collection avant le début du Mondial au Brésil. "J’aime le foot, et je collectionne les vignettes que j’échange à l’école ou lors de bourses", raconte Daniel, 13 ans. "Cette année, j’ai l’impression que Lionel Messi est plus rare que les autres joueurs, alors j’aimerai bien trouver une vignette avec son portrait, pour l’échanger contre plusieurs autres images". C’est ainsi que ces vignettes prennent leur propre valeur, subjective. Panini dément la rumeur selon laquelle des joueurs et des équipes seraient moins imprimées que d’autres, et la firme précise que les pochettes de vignettes sont remplies de façon aléatoire par un robot, en veillant toutefois à ce que deux images pareilles ne se retrouvent pas dans une même pochette.
4500 images pour remplir un album
Ces joueurs, ils sont tous dans l’album. Et quand l’un d’entre eux déclare forfait peu avant la Coupe du monde, son remplaçant va prendre sa place : cette année, après le forfait de 71 joueurs, Panini va même éditer des vignettes de leurs remplaçants ! En Allemagne et en Italie, où les collectionneurs aiment à remplir leurs albums, un service spécial est proposé : les 50 dernières vignettes peuvent être commandées auprès de l’éditeur.
"Cela permet de ne plus acheter des sachets de vignette à l’aveuglette, et de se retrouver avec des images qu’on a déjà, alors qu’il en manque si peu", explique Christine Fröhler. Parce que les statisticiens et les mathématiciens se sont intéressés eux aussi au phénomène Panini : selon eux, il faudrait acheter plus de 4500 images pour remplir un album de 640 vignettes, et dépenser 540 euros. Un investissement, auquel les bourses d’échange sont une alternative intéressante. "Le but du jeu, en fait, c’est de remplir un album en dépensant le moins possible, de procéder à des échanges judicieux", raconte Philipp Maisel, l’organisateur de la bourse d’échange au "Schlesinger". "Moi, je collectionne ces vignettes depuis 30 ans, et mon album, j’essaye de le remplir avec un investissement d’une trentaine d’euros… Et ça marche !".
Et quand un album est plein, qu’une Coupe du monde est passée, il est hors de question de tout jeter : d'abord, parce que ces albums ont comme un parfum d'enfance... et puis parce que les "collectors" de chez Panini prennent de la valeur, jusqu’à 1000 euros pour un album de la Coupe du monde de 1974, et un collectionneur s’est vu offrir 15 000 euros pour sa collection complète d’albums. "Mais nous, nous faisons cela pour le plaisir, parce que tout cela, c’est une façon de se préparer à cet événement formidable, la Coupe du monde", nous dit Philipp Maisel. "La collection nous met dans l’ambiance et fait monter le plaisir, qui nous accompagnera tous pendant la durée de la compétition !". Du plaisir pour les uns, une aubaine pour les autres : le chiffre d’affaires de Panini pourrait atteindre 630 millions d’euros en 2014 !