La restauratrice lorraine est partie à la marche vers Paris le 3 septembre 2014 pour sensibiliser les Français et le gouvernement aux difficultés des petits entrepreneurs et artisans, dans l'impossibilité de vivre de leur activité une fois payés salaires et charges.
Julie Husson, petit bout de femme d'1,59 m pour 43 kg, qui se dit "complètement apolitique", est partie d'Aumetz (Moselle) le 3 septembre 2014 et a prévu d'arriver vendredi 19 septembre 2014 devant l'Elysée où elle compte manifester avec d'autres entrepreneurs et sympathisants."Nous sommes restaurateurs en produits frais à Aumetz, nous étouffons. Depuis trois ans nous ne nous versons plus de salaire." Julie Husson.
C'est la rencontre de son conjoint, le chef cuisinier Régis Toulet, qui a conduit il y a huit ans dans le dur métier de restaurateur cette jeune femme de 37 ans, titulaire d'un DEA d'Histoire de l'art, d'une licence d'Administration économique et sociale et d'un master d'Economie, de Communication et de Gestion éthique.
Ils auront deux restaurants.
Un à Metz, fréquenté par les politiques de la région: des députés, mais aussi Aurélie Filipetti, ministre de la Culture récemment évincée du gouvernement. Un autre à Aumetz, où domine encore le chevalement de l'ancienne mine de fer.
Le premier établissement n'a pas survécu et a dû fermer le 14 avril. Le second continue de donner du travail à huit salariés.
La convivialité disparue du paysage rural
Journées interminables, surmenage, soucis financiers et administratifs: son conjoint est victime d'un infarctus, elle fait un "burnout" (épuisement professionnel) et perd du poids jusqu'à ne peser que 38 kg.Tout au long de son périple, au départ à travers les anciennes communes sidérurgiques aujourd'hui sinistrées telles que Florange, mais aussi plus loin, elle remarque les rideaux de fer des commerces fermés, avec des inscriptions "à vendre" ou "à louer".
Entre Metz et Pont-à-Mousson, "il n'y avait rien, je n'ai pas pu manger, dans tous les villages que j'ai traversés, il n'y avait pas de bars, plus de vie, plus de convivialité. "Julie Husson.
Lors d'une de ses étapes, à Vitry-le-François (Marne), le 12 septembre, elle parvient à approcher le Premier ministre Manuel Valls venu pour des commémorations de la Première guerre mondiale.
Il prend sa carte, lui conseille de s'adresser à une de ses collaboratrices et lui dit: "Je vais vous recevoir", raconte-t-elle.
"Dissuadée" par les "Renseignements Généraux"
A Saint-Dizier dans la Haute-Marne elle rencontre des militants de la CGT et de la CFDT. "J'étais surprise, témoigne-t-elle, ils ne connaissent pas du tout les problèmes des très petites entreprises"."Aujourd'hui, nous finançons à hauteur de 3.600 euros par mois de charges patronales un Etat qui n'arrive pas à enrayer la hausse à la fois du chômage, de la pauvreté et de la précarité", déplore la jeune femme.
Accompagnée depuis peu en chemin par deux autres entrepreneurs, elle prévoit d'attirer amis et sympathisants pour manifester devant l'Elysée.
Elle affirme avoir été contactée le 12 septembre par les Renseignements généraux. "Ils m'ont dit que je ne parviendrai pas à aller jusqu'à Paris", affirme-t-elle. Ses amis d'Aumetz qui envisagent de la rejoindre dans un bus affrété pour l'occasion, auraient eux aussi reçus des appels téléphoniques dissuasifs similaires.