Les producteurs de pommes d'Alsace sont très inquiets : malgré une récolte qui s'annonce abondante et de bonne qualité, le secteur est en difficulté. En effet, l'embargo russe sur les produits agro-alimentaires les prive d'une bonne partie de leurs débouchés. Ils lancent une campagne de promotion.
C'est un triple phénomène auquel doivent faire face les producteurs de pommes cette année : d'abord, les ventes ont chuté de 12% depuis le début de l'année en France. Une baisse de la consommation qui s'explique en partie par la météo particulièrement douce l'hiver dernier, alors que la pomme se consomme plutôt quand il fait froid.
Depuis le mois d'août, la Russie a complètement fermé les frontières à l'importation de produits agro-alimentaires européens, en réponse à l'implication de l'Union dans la crise ukrainienne. Du coup, la Pologne, qui était jusque-là le principal fournisseur de la Russie, se retrouve avec d'immenses stocks sur les bras, et vient concurrencer les autres pays producteurs sur leurs propres marchés.
Si l'Alsace ne produit que 1% des pommes françaises, elle est touchée de plein fouet. Car un troisième facteur vient aggraver les deux premiers : la production est aussi particulièrement abondante cette année. "On cueille mais le moral n'y est pas", témoigne Pierre Barth à Wolfisheim et président de l'association des producteurs de pommes d'Alsace. "La première conséquence, c’est une baisse des prix, et comme il y a baisse de la consommation, les volumes ne sortent pas, donc ça accroît encore la pression sur les prix, donc c’est un cercle vicieux."
L'Union européenne a débloqué des fonds pour aider les producteurs. Ceux-ci sont dédommagés s'ils font don de leur récolte, qu'ils la détruisent ou qu'ils la revalorisent. Mais les montants sont insuffisants, et les producteurs alsaciens ont préféré faire appel aux consommateurs en lançant une campagne de promotion de la pomme d'Alsace. L'affiche sera visible dans les points de vente, et s'accompagne d'une campagne dans la presse quotidienne régionale et à la radio. La Région Alsace contribue financièrement à ce projet à hauteur de 15.000 euros (75% du coût total).
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