Juncker prend les commandes de "la Commission de la dernière chance"

La nouvelle Commission européenne dirigée par le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker a été investie mercredi par le Parlement européen et va tenter, sans réels moyens financiers, de relancer une Europe minée par le chômage et la montée des populismes.

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Le nouvel exécutif européen a obtenu la confiance de 423 eurodéputés, loin des 488 suffrages obtenus par la Commission Barroso en 2010. Il n'est pas parvenu à rallier la totalité des 480 élus des trois formations (conservateurs du PPE, socialistes et libéraux) composant sa majorité au Parlement.

Jean-Claude Juncker a balayé l'argument, en soulignant l'arrivée en force des eurosceptiques et des europhobes qui représentent 170 des 751 élus du Parlement élu fin mai. "Il y a une majorité européenne autour de 420 votes, c'est un chiffre qui nous permet de travailler pour les années à venir", a-t-il soutenu lors d'une conférence de presse. Jusqu'au dernier moment, les chefs des trois grands groupes ont tenté de rallier les abstentionnistes. En vain. Leurs marchandages politiques pendant les auditions ont frustré beaucoup d'élus, y compris au sein de leurs propres troupes. 32 socialistes, six libéraux et trois PPE ont voté contre ou se sont abstenus.

"Une occasion a été manquée avec les auditions pour que l'équipe de la Commission soit aussi celle du Parlement européen. Les accords entre les grands partis ont étouffé le processus", a déploré la co-présidente des Verts Rebecca Harms. Une fronde s'était formée au Parlement contre la nomination du conservateur espagnol Miguel Arias Canete au poste de commissaire au Climat et à l'Energie à cause de ses conflits d'intérêts et contre le maintien du très réactionnaire Hongrois Tibor Navracsis à la Culture. Une pétition contre la nomination de M. Canete a même été signée par près de 600.000 citoyens européens.

Plan d'investissement avant Noël

Le nouvel exécutif européen va devoir redoubler d'efforts pour convaincre. "Cette Commission sera celle de la dernière chance", a reconnu Jean-Claude Juncker. "Soit nous réussissons à rapprocher les citoyens de l'Europe, à réduire drastiquement le niveau du chômage et à redonner une perspective européenne aux jeunes, soit nous échouons".

Évoquant les notes accordées par les agences financières, il a affirmé que l'Europe devait se doter d'un "triple A social". "Vous suscitez des espoirs et des attentes très élevés. Vous devez ramener l'Europe sur la voie de la croissance et regagner la confiance des citoyens", a déclaré l'eurodéputée conservatrice roumaine Adina-Iona Valean. M. Juncker mise sur une équipe de commissaires "très politiques" et sur un plan d'investissements de 300 milliards d'euros. Mais il n'est pas parvenu à dissiper les doutes sur le fonctionnement de sa Commission, où les commissaires sont encadrés par des vice-présidents, ni sur sa capacité à mobiliser les fonds promis. 

Le chef des Libéraux, Guy Verhofstadt, a critiqué ce mode de fonctionnement. "Nous ne voulons pas que tout soit bloqué quand (Pierre) Moscovici (commissaire aux Affaires économiques) et (Valdis) Dombrovskis (vice-président chargé de l'Euro) ne seront pas d'accord", a-t-il averti. Même incertitude sur le plan d'investissements. "Il vous sera présenté avant Noël, car il y a urgence", a assuré Jean-Claude Juncker en rappelant au secteur privé qu'il avait aussi "des devoirs" en matière d'investissements, au côté des dirigeants politiques. Le patron du groupe socialiste, Gianni Pittella, lui a donné des pistes, en demandant de ne pas prendre en compte les investissements dans le calcul des déficits publics". "Nous serons votre conscience sociale".
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