Le coup de massue pour Viviane Schaller, la biologiste strasbourgeoise accusée de sur-diagnostiquer la maladie de Lyme dans son laboratoire. Ce matin le Tribunal l'a reconnue coupable d'escroquerie. Bernard Christophe, co-accusé, est lui aussi reconnu coupable. Ils font appel du jugement.
Ils se présentent comme "lanceurs d'alerte" face à une épidémie sous-estimée selon eux. Ils ont été lourdement condamnés par la justice.
Reportage de David Meneu et Yves Ledig. Interviews : Viviane Schaller, biologiste - Svetlana Christophe, Malade
Viviane Schaller, 66 ans, docteur en pharmacie et ancienne gérante d'un laboratoire d'analyses biologiques strasbourgeois, a été reconnue coupable d'avoir appliqué pendant des années un protocole de dépistage de la maladie non homologué par les autorités sanitaires. Elle a ainsi annoncé à des milliers de patients, dans toute la France, qu'ils étaient bel et bien porteurs de cette affection pouvant provoquer des troubles invalidants et douloureux, notamment neurologiques, articulaires et musculaires, et ce alors que les tests "officiels" affirmaient le contraire.
Viviane Schaller a été condamnée à 9 mois de prison avec sursis et 280 000 euros à rembourser à la CPAM, somme qui correspond aux remboursements octroyés par la caisse pour ces milliers de tests pratiqués hors cadre réglementaire.
"Il faut accorder à des personnes qu'on peut qualifier de lanceurs d'alerte la protection à laquelle ils ont droit."
L'autre prévenu, Bernard Christophe, 65 ans (également diplômé en pharmacie, mais non inscrit à l'ordre des pharmaciens), a été condamné pour avoir fabriqué et commercialisé hors du cadre réglementaire un remède à base d'huiles essentielles contre la maladie de Lyme, baptisé "Tic Tox". Il est condamné à 9 mois de prison avec sursis et doit rembourser 10 000 euros au conseil de l'ordre des pharmaciens, pour exercice illégal de la de la médecine et de commercialisation de médicaments sans autorisation de mise sur le marché. Il a en revanche été relaxé de complicité d'escroquerie à l'assurance maladie. De même, Mme Schaller a été relaxée de complicité d'exercice illégal de la pharmacie.
"Il faut accorder à des personnes qu'on peut qualifier de lanceurs d'alerte la protection à laquelle ils ont droit. C'est ce que nous dirons devant la cour d'appel", a dit l’une des avocates de la défense, Me Catherine Faivre. "Il est du pouvoir des juges d'interpréter la loi", a-t-elle ajouté.
Lors de l'audience, le 23 septembre, de nombreux malades étaient venus soutenir les deux prévenus, ainsi que plusieurs médecins. "Il y a en France une sous-estimation dramatique de cette maladie", avait soutenu devant le tribunal le Pr Christian Perronne, spécialiste des maladies infectieuses à l'hôpital universitaire Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine) et membre du Haut conseil de la santé publique.